Chronique

Philip Catherine

Guitars Two

Philip Catherine (g)

Label / Distribution : Dreyfus Jazz

Sur le ton de la confidence, en duo avec lui-même, Philip Catherine livre ici un album sensible, très personnel, à partir de ses sentiments les plus sincères. Guitars Two est en effet comme un carnet intime que l’on feuillette avec tendresse et émotion. Ici, la mélodie, donc l’histoire, est mise en avant. On écoute le guitariste se raconter. Car sur cet album, Catherine parle. Ou du moins, sa musique. Elle parle de lui à travers l’évocation d’amis, de membres de sa famille ou de lieux qu’il affectionne. Avec un phrasé délicat et une pulsion qui n’appartient qu’à lui, Catherine se dévoile et chante pudiquement ses peines (« Pourquoi »), pose un regard tendre sur sa petite-fille (« Méline »), ou ose une délicate déclaration d’amour à sa compagne avec « Pendulum », magnifique morceau qui croise des tempos différents pour n’en créer qu’un seul. Il salue également sa fidèle manager (« Jacobien ») ainsi que le non moins fidèle Marc Moulin (« Marc Moulin On The Beach »), co-producteur et instigateur du projet qui est, en quelque sorte, le prolongement de Guitars, enregistré en 1975. Lorsqu’il évoque des lieux comme la « Toscane », Catherine refuse les clichés ; au contraire, il magnifie les sentiments. De même, avec « Aria De Opereta » ou « Étude Pour Peter S », il esquive avec brio le classicisme et crée un univers à la fois onirique et virtuose.

Ce disque doux mais varié n’en est pas pour autant un simple exercice de style. Le guitariste belge possède assez d’inspiration et de talent pour enrichir le dialogue avec lui-même dans un jeu alerte qui laisse toujours s’exprimer la poésie. Il profite du re-recording pour inventer par-dessous, improviser par-dessus, croiser les pulsations, inviter à la valse ou à la ballade, ou encore colorer certains thèmes de rythmes bossa… Il privilégie d’ailleurs, la plupart du temps, la guitare acoustique et use d’effets de pédale avec parcimonie. Peu de groove cette fois-ci, mais un swing élégant, sous entendu mais toujours présent.

Résolument apaisé et détendu, Guitars Two se respire autant qu’il s’écoute. Les yeux fermés, les oreilles et l’esprit grands ouverts.