Pierrot La Lune Quartet

Le pianiste et compositeur nantais Pierre-Emmanuel Hias, muni de son maillet et de sa gouge, sculpte le son comme une pièce de bois précieux. Sur ce premier disque du Pierrot La Lune Quartet, il fait appel au guitariste Daniel Givone pour élargir sa palette de timbres et pratiquer son art d’assembler et mélanger ceux-ci.

On trouve dans Out Of The Wood une très grande unité ; on pourrait même imaginer qu’il s’agit d’un seul et même morceau découpé en onze parties tant la cohérence des discours et des ambiances est poussée. Et puis, à partir de ce plan large, on zoome sur chaque morceau, chaque chorus, chaque thème. Et on trouve pléthore d’ingrédients, de mécanismes, d’arguments ; on découvre alors que c’est leur multitude et leur enchevêtrement qui donne corps et caractère à l’ensemble.

De l’intro de « 39 Jours », tranquille et majeure et qui n’inspire que la quiétude, à « La Punition », méchante et habitée, en passant par le suspense lancinant d’« Aphélie », avec ses pêches brutales d’accordéon et de batterie à vous faire tomber de votre siège, ou la danse orgueilleuse d’« Harmonia » emmenée par Anne-Sophie Pasquier, on passe par tous les états, toutes les émotions. Pourtant, Out Of The Wood laisse derrière lui l’idée d’une grande homogénéité.

C’est là une écriture très cinématographique, très illustrative. On a sans mal 24 images en tête par seconde de musique. Le plus souvent, l’atmosphère est nocturne. Beaucoup d’ombres suggérées, des climats haletants, du relief et de la tension en permanence : ça tient du polar, du thriller, parfois de la S-F. La façon de structurer le propos est méticuleuse et les images se succèdent avec précision. La place de l’improvisation est loin d’être prépondérante ; Pierrot La Lune raconte son histoire autrement - chaque note est usinée pour s’imbriquer dans celles jouées par les autres musiciens.

Pour ne rien gâcher, la pochette correspond parfaitement à l’univers sonore. Des racines d’arbres en cheveux, des yeux qui scrutent, une idée à la fois onirique et anxiogène… C’est ça, Out Of The Wood : un rêve.