Chronique

Print & Friends

Transformations

Sylvain Cathala (ts), Stéphane Payen (as), Jean-Philippe Morel (cb), Franck Vaillant (dm), Gilles Coronado (elg), Benjamin Moussay (Rhodes), Alain Vankenhove (tp), Sébastien Llado (tb, tu)

Label / Distribution : Connexe Records

Pour les dix-huit ans de Print, Sylvain Cathala nous refait le coup de l’octet en ajoutant quatre invités à son quartet d’origine composé de Stéphane Payen, Jean-Philippe Morel et Franck Vaillant. La composition instrumentale du groupe est la même que sur Around K mais les invités sont différents : Benjamin Moussay au Rhodes, Alain Vankenhove à la trompette et Sébastien Llado au trombone et tuba prennent respectivement les places de Jozef Dumoulin, Laurent Blondiau et Michel Massot. Seuls Gilles Coronado et sa guitare sont de nouveau de la partie.

Pour ce sixième disque de Print, et donc deuxième en octet, point de révolution mais une continuation du travail sur les rythmes, mené par le leader depuis ses débuts. Avec, tout au long de ces Transformations, une véritable maturité dans la composition et l’orchestration, puisant son inspiration dans les œuvres de Dan Simmons, l’auteur des « Cantos d’Hypérion » et de « Phases Of Gravity ». Plus encore que sur Around K, Cathala dépasse le seul travail polyrythmique aux métriques impaires complexes, et propose une œuvre très cohérente. Cette recherche sur le temps vient nourrir les compositions et la musique, sans se limiter à l’exercice de style. Car ce qui frappe en premier lieu, c’est la qualité d’écriture et d’orchestration, à la fois riche et subtile, qui révèle d’infinies variations et détails à chaque nouvelle écoute. On est aussi saisi par la manière impeccable dont les solos viennent s’intégrer dans le jeu du groupe, comme autant d’éléments constitutifs de l’ensemble, et en renforcent la cohérence.

Pour cela, bien sûr, il faut d’excellents musiciens : notons les solos de Morel et Llado sur « Phases Of Gravity », Stéphane Payen sur « Round The Shrine » ou encore Coronado sur « Eternal Whispers », Moussay et Vankenhove sur « Énée’s Story ». Chaque instant, chaque solo, chaque accompagnement mériterait d’être mentionné.

Puis, au fil des écoutes, on pénètre dans un univers rythmique aux structures qui se superposent, vivent en parallèle, se heurtent ou s’épanouissent et se rejoignent. Vaillant et Morel en sont les gardiens, véritables moteurs d’une musique complexe mais organique. Notons les qualités narratives de la musique de cet octet : chaque morceau évoque à l’auditeur un monde aux paysages multiples. Le premier morceau, « Énée’s Story », en est la meilleure illustration tant ces 11 minutes nous transportent littéralement dans une Grèce antique fantasmée. L’écriture de Cathala fait également cohabiter au sein d’un même morceau plusieurs sous-structures, plus ou moins indépendantes, qui se croisent, se frôlent, se heurtent pour former une œuvre extrêmement riche, probablement le sommet de la discographie de Print.