Chronique

Pulcinella

Bestiole

Ferdinand Doumerc (s, fl, métall) ; Florian Demonsant (acc, kaval), Jean-Marc Serpin (cb, métall), Frédéric Cavallin (dr, métall, glockenspiel) Patrick Vaillant (mandoline électr) ; Daniel Casimir (trb alto) : 4, 8 et 11

Label / Distribution : Enja Records

Dix ans que Pulcinella décoiffe la scène, notamment toulousaine. À cette occasion, le tonitruant quartet sort un troisième album, Bestiole. L’esthétique générale est dans la droite ligne de ce que ces musiciens proposaient dans Clou d’estrade (2008) et Travesti (2011) : un mélange entre jazz, tango, cirque, musette et rock, des rythmes nerveux, des phrases qui s’arrêtent brusquement, d’autres qui se terminent par une farandole de sons distordus. La présence de « Morphée » contribue à cette inscription dans la durée ; cette jolie berceuse qui ne figurait jusqu’ici que sur la première démo de Pulcinella, Jazz délocalisé, parue en 2005 et aujourd’hui introuvable est reprise ici, quoique sur un tempo plus rapide. Mais nier toute évolution serait faire fi des arrangements que le quartet a réalisés, depuis le projet « Eloge de la folie », pour accueillir ici le mandoliniste Patrick Vaillant, au demeurant chef de file du Front de libération de la mandoline, ainsi que le tromboniste Daniel Casimir, qui a longtemps tourné et enregistré avec François Thuillier ou encore Serge Adam.

Si l’esthétique est proche, donc, l’amateur de concerts reconnaîtra aussi un certain nombre de morceaux que Pulcinella inclut à son répertoire depuis déjà quelque temps. Ainsi de l’énergique « Garez-vous chez vous » ou du rebondissant « Moustique ambitieux », sans oublier « Raksi chaparak » et « La tarentelle », où on perçoit très nettement le penchant de Florian Demonsant, l’accordéoniste, pour les musiques populaires, musette ou musiques balkaniques. Outre « Morphée », sur cet album aux effluves circassiennes on sent « Nager » et le bien nommé « Envoûtement » en rupture avec la ligne subtilement foutraque qu’on associe volontiers à Pulcinella. Leur rythme lent fait quelquefois penser à un chat qui s’étire. Et on sait que les chats qui s’étirent sortent leurs griffes.