Chronique

Quinsin Nachoff

Quinsin Nachoff Ethereal Trio

Quinsin Nachoff (s), Mark Helias (b), Dan Weiss (dm)

Label / Distribution : Whirlwind

Si Flux, sa précédente production (qui réunissait notamment David Binney et Matt Mitchell) donnait la part belle à un syncrétisme stylistique empruntant au rock ou à la musique contemporaine (Quinsin Nachoff écrit, par ailleurs, pour le Turning Point Ensemble, formation contemporaine installée à Vancouver dans laquelle évolue François Houle), ce nouveau disque en trio se concentre sur un jazz formellement plus traditionnel.

Privilégiant l’interaction et la circulation du son entre les trois extrémités de ce triangle en mouvement, Quinsin Nachoff, moins compositeur qu’interprète, laisse la bride sur le cou à des partenaires qui n’en demandent pas moins pour s’engager dans des échanges constants mais sans débordement. Évitant l’outrance, le contenu est toujours proprement maîtrisé et la sonorité même des musiciens participe à cet équilibre.

Saxophoniste canadien, également clarinettiste, Quinsin Nachoff garde, en effet, de cette dernière une sonorité droite et précise lorsqu’il joue du saxophone. Entendu en France à la fin des années 2000 auprès de Bruno Tocanne sur 5 New Dreams , il garde de sa pratique de l’écriture pour ensemble, un souci de l’essentiel et du refus de la surcharge. Prenant soin de dessiner des lignes équilibrées, il donne de l’espace à la basse noble Mark Helias (notamment à l’archet sur le titre “Gravitas”), voire s’efface entièrement lors de duos basse- batterie (sur “Push-pull Topology” ou “Portrait in Sepia Tones”) parfaitement intégrés à l’action principale. Le phrasé léger et ingénieux de Dan Weiss apporte également beaucoup d’allant à ce trio adepte d’un jazz intelligent et séduisant.