Chronique

Qwat Neum Sixx

Live at festival NPAI 2007

Daunik Lazro (bs), Sophie Agnel (p), Michael Nick (vl), Jérôme Noetinger (dispositif électroacoustique).

Label / Distribution : Amor fati

Amor Fati

Le quartet Qwat Neum Sixx propose ici « live », sous une superbe pochette sérigraphiée, 45 minutes d’improvisation libre de haute tenue, enregistrées au festival NPAI 2007 (Parthenay) et éditées par le très exigeant label bordelais Amor Fati.

Qwat Neum Sixx, dont le nom déjà claque et chuinte, se compose du saxophoniste baryton Daunik Lazro, un des plus talentueux souffleurs hexagonaux - et sans doute un des plus honteusement méconnus -, de la pianiste Sophie Agnel, du violoniste Michael Nick et de l’électroacousticien Jérôme Noetinger, autre grande figure de l’ombre, insatiable défricheur et héraut des musiques nouvelles. Tous sont des musiciens aguerris et improvisateurs affûtés, en fouille perpétuelle de leur instrument, au propre comme au figuré, en quête de ce qu’il reste de viscéralement inouï.

Qwat Neum Sixx tire l’auditeur vers une musique dont il reçoit le souffle, perçoit les nerfs et muscles qui se tendent et se relâchent, le bouillonnement du sang dans les artères, plongé dans ses entrailles puis transporté dans sa psyché, où se superposent alors les visions engendrées par une structure mouvante et libérée de tout carcan, mélodique, harmonique, rythmique.

Libre, cette musique que l’on dit réductionniste ne doit en aucun cas être considérée comme réduite. Elle nécessite toutes les attentions et ouvre de vastes horizons. Taillé dans la matière sonore même, cet enregistrement fait de masses étirées et contractées, de fragments projetés, d’enchevêtrements, de motifs esquissés, de halètements et de respirations miraculeusement reprises ensemble, livre le geste minimal dans toute sa puissance. La beauté de l’exercice - si périlleux - tient, pour les musiciens, à la faculté de faire corps, de ne plus former qu’un seul et même objet esthétique. Qwat Neum Sixx, avec grâce, y réussit.