Scènes

Ravi Coltrane à Nice

Un prénom et un nom de légende. Ravi Coltrane est surtout un géant du jazz.


Photo © Hélène Collon

Pendant les travaux de rénovation de la mythique salle Grappelli (fermée jusqu’à la fin de l’année) c’est le Forum Nice Nord (300 places) qui accueille la programmation jazz de la ville. Un changement de lieu qui n’est pas encore rentré dans les habitudes.

Set époustouflant de Ravi Coltrane, dont la venue à Nice constituait un événement, et son quartet. Celui de Pierre Marcus, qui évoluait en première partie, a pu mesurer la différence entre de très bons jeunes musiciens français - vainqueurs du Trophée du festival Jazz sous les Bigaradiers (La Gaude) et des virtuoses américains draftés par cette star mondiale.

Ravi, un prénom donné par son illustre père John, fervent admirateur d’une autre légende, sitar cette fois, l’Indien Ravi Shankar et par sa mère Alice, harpiste, pianiste et compositrice de jazz. Un héritage assumé, voire dépassé, qui lui permet de se hisser dans l’histoire du jazz par lui-même, et non sous l’étiquette « fils de » que certains programmateurs ont voulu lui imposer.

Premier sentiment : on a là un véritable quartet, dont la « tête d’affiche » n’hésite pas à s’effacer pour laisser ses complices s’exprimer à travers de somptueux chorus. Mention spéciale à David Rivelles, le pianiste véloce au look d’étudiant rebelle qui, tennis aux pieds, déploie sa virtuosité sans effort apparent. Maîtrise totale aussi du côté du bassiste Dezron Douglas ; alternant grimace de concentration extrême et regards de connivence vers le pianiste, il affiche des doigts puissants et volumineux au point de masquer les cordes. L’extraordinaire bonne humeur règne aussi entre lui et le batteur Jonathan Blake, doté d’un physique impressionnant. Avant de lancer un morceau, les deux musiciens se sont même amusés à se faire des politesses en toute décontraction et avec la complicité du public. A l’écart sur la scène, juste derrière la montagne d’enceintes, le boss regardait, amusé, ses compères se renvoyer les notes…

Très long set sans temps mort ni rappel, mais inoubliable, qui s’appuyait sur le récent album Spirit Fiction sorti chez Blue Note (2012). Et le tout sans avoir fait de balance, faute de temps. C’est aussi à ça qu’on voit les vrais artistes… et les vraies stars.