Chronique

Ray Anderson’s Organic Quartet

Being the Point

Ray Anderson (tb, voc), Steve Salerno (g), Gary Versace (org), Tommy Campbell (dm)

Label / Distribution : Intuition

Victime d’une santé ingrate et d’un parcours assez chaotique qui l’ont plusieurs fois éloigné de la scène, Ray Anderson fait son nouveau retour et démontre qu’il n’a rien perdu de son mordant ni de son humour : il est le premier à s’amuser de ses déboires en hasardant que le destin l’a peut-être, tout simplement, choisi comme guinea pig (cobaye).

Organic Quartet est un nom bien choisi : il annonce la présence d’un organiste, en la personne de Gary Versace (entendu aux côtés de Maria Schneider, John Scofield, John Hollenbeck, John Abercrombie ou encore Al Foster). De plus, il qualifie plutôt bien cette musique mijotée dans les eaux troubles du Mississipi (« At Home in the Muddy Water ») et qui se sert des différents idiomes du jazz comme autant d’ingrédients à incorporer à ses recettes.

Le jeu de Ray Anderson étonne toujours par ses facultés expressionnistes, marquées par la gouaille des anciens (Juan Tizol, Lawrence Brown) comme par les rugosités des avant-gardistes (Roswell Rudd). Il tempère ici sa véhémence habituelle pour adopter un jeu plus débonnaire et parfois ripailleur, allant jusqu’à s’emparer du micro sur un « Being the Point » fantasque et un brin éthylique. L’instrumentation de la rythmique confère à l’ensemble la chaleur caractéristique des organ trios et installe un climat moelleux propice aux discussions.

Entre toasts portés aux aînés (« Marching Home / Blues for John Lewis ») et références culinaires (« Hot Crab Pot »), on suit ce quartet avec un appétit certain. On salue également le retour de cet attachant tromboniste chicagoan.