Chronique

Romain Collin

Press Enter

Romain Collin (p), Luques Curtis (b), Kendrick Scott (dm)

Label / Distribution : ACT

Il était une fois Romain Collin (né en 1979 à Antibes), un beau gosse aux cheveux bouclés qui, visitant New York à l’âge de quinze ans, jure d’y revenir un jour proche et de s’y installer. Ce que, en effet, réalise notre La Fayette du clavier, bardé de musique classique mais déjà chamboulé par les Oscar Peterson, Erroll Garner et Herbie Hancock. Détour préalable par Boston et son Berklee College of Music où il a obtenu une bourse – pour fêter ses vingt ans. Peu après, son destin le pousse vers la Californie : il est admis au Thelonious Monk Institute of Jazz de Los Angeles après audition devant Ron Carter, Herbie Hancock et Wayne Shorter. Et c’est avec ces deux derniers qu’il partira en tournée en Inde et au Viêt-nam.

Après ces grandes souffrances… dont il apprend beaucoup, certes, atterrissage à la Big Apple qu’il croque à pleines dents : il y enregistre en sideman avec Mike Stern, John McLaughlin, Christian McBride ; en leader, deux albums : The Rise And Fall of Pipokuhn (2009) et The Calling (2013), des trios plutôt conventionnels. Voici donc le troisième, qui confirme un talent indéniable, encore à la recherche d’un style, le sien si possible.

Le travail est en marche avec, en surmoi plus ou moins planant, Chick Corea, E.S.T., Wayne Shorter – celui-là même qui l’a encouragé à surmonter ses inhibitions par une sorte de « Vas-y mon gars ! », ces deux mots qui intitulent l’album : « Press Enter ». Il s’est donc élancé, larguant l’encombrant Keith J., mais peinant toujours à trouver cette unité d’inspiration qui forge le fameux style.

par Gérard Ponthieu // Publié le 11 mai 2015
P.-S. :

Invités : Mino Cinelu (perc), Megan Rose (voc), Jean-Michel Pilc (sifflets), Grey McMurray (g), Laura Metcalf (cello)