Chronique

Sanchez / Sanchez / Pontvianne

Kepler

Maxime Sanchez (piano, claviers), Adrien Sanchez (ts), Julien Pontvianne (ts, cla)

Label / Distribution : Onze heures onze

Réunissant les frères Maxime (piano) et Adrien (saxophone ténor) Sanchez, entendus notamment dans le quartet Flash Pig et complété par la présence de Julien Pontvianne (saxophone ténor et clarinette), Kepler est une incongruité dans ce monde qui va vite. Choisissant la voie de la lenteur extrême, cette micro-formation nous plonge dans un univers où chaque note prend le temps de s’épanouir pleinement avant de laisser place à la suivante. Avec un travail sur la superposition comme un art du filigrane et de la transparence, les instruments s’étendent sur le champ sonore avec une langueur apaisante et un retrait de toute virtuosité.

L’association des deux saxophones participe d’une perturbation douce de l’oreille et les nuances subtiles faites de dissonances fondues ou de décalages à peine esquissés sont le souffle harmonieux que vient cueillir un piano d’une infinie délicatesse. Le toucher de Maxime Sanchez,sensuel et d’une extrême précision, résonne à plein avec un ouaté enveloppant et octroie un romantisme suspendu à la précision de ses partenaires. Une musique de la suggestion peut alors se déployer dont le processus s’affirme un peu plus à chaque piste.

Les compositions signées des trois membres de ce trio s’engagent dans des évocations cinématographiques, au sens où elles permettent à l’imaginaire de développer des mondes intérieurs sans jamais les heurter. Par l’intelligence de leur propos, leurs déroulés parviennent toujours à maintenir subtilement une tension fertile et affleurent aux portes de l’émotion sans verser dans un maniérisme doucereux. Ils font ainsi résonner l’oreille d’une vibration qui atteint naturellement le cœur.