Scènes

Sarah Morrow, trouvère à coulisse

un parcours peu banal


Ce qui est surprenant avec Sarah Morrow, c’est qu’elle est souvent là où on ne l’attend pas.

Ce qu’on sait d’elle ressemble à un scénario idyllique : elle commence à jouer du trombone à l’âge de 12 ans dans son orchestre d’école. Elle entre à l’université de l’Ohio et passe un diplôme en ommunication. Puis elle décide de poursuivre ses études musicales et rencontre le tromboniste de Frank Sinatra, Ed Morgan.

Sarah Morrow par 2A

Mais le plus fantastique est l’anecdote souvent évoquée : à l’occasion d’un concert où Ray Charles était l’invité, Sarah Morrow était la première trombone de l’orchestre. A la fin du concert, le chanteur aveugle demanda à Sarah Morrow, sans savoir à qui il avait affaire, de rejoindre son orchestre. Elle devint ainsi, la première femme instrumentaliste à faire partie de l’orchestre de Ray Charles. Après plus d’un an de tournées avec ce groupe, elle en devient l’une des solistes.

Puis elle poursuit sa carrière, passant par le funk, avec Foley, Bootsy Collins, Catfish Collins, Fred Wesley et Clyde Stubbelfield. Ensuite, elle intègre le big band dirigé par Cecil Bridgewater, et joue avec Dee Dee Bridgewater. Elle est engagée par Paul Ellington pour une tournée Européenne avec le Duke Ellington Orchestra. C’est en 1999 que Sarah Morrow monte son groupe et commence une carrière de leader.

Sarah Morrow par Ch. de Saint André (Fête des Jazz 2002)

Son premier disque « Green Light » (RDC Records, 2000) a été enregistré avec James Hurt (piano), Ugonna Okegwo (basse), Jaz Sawyer (batterie) et Antoine Roney (sax ténor).

Voilà pour le conte de fées.

En ce qui concerne son jeu, Sarah se tient dans la lignée des gros sons du bop et du funk. Forte sonorité, phrasés clairs et agiles, couleur très cuivrée.
Depuis quelques années, elle écume les festivals et se produit avec de nombreux musiciens. C’est là que réside l’intérêt de cette musicienne, qui ne se contente pas de ses jeunes lauriers acquis auprès des grands du jazz. Elle aime les rencontres, les confrontations et n’hésite jamais à mettre toute son énergie dans la musique.

Au hasard des concerts, on a pu l’entendre avec le Dirty Dozen Brass Band, Anne Ducros, Xavier Richardeau, Jérôme Barde, Rico Rodriguez, David Murray, Jacky Terrasson…

Enfin, elle vient d’enregistrer pour RDC Records son second album « Standards and Other Stories » avec comme invités David Murray et la chanteuse Anne Ducros.

Nous avons donc affaire à une spécialiste de la scène, une forte personnalité qui emporte très souvent l’adhésion du public. A vous de juger.

par Matthieu Jouan // Publié le 25 novembre 2002
P.-S. :

Discographie en leader :

  • Green Light, RDC Records - 2000
  • Standards and other stories, Cobra Bleu / RDC Records - 2002