Chronique

Schwab Soro

Volons !

Raphaël Schwab (b), Julien Soro (as).

Label / Distribution : Neuklang / Harmonia Mundi

Le duo Schwab Soro prend son envol et l’on ne peut que vouloir l’imiter, tant on a besoin de légèreté. Raphael et Julien prennent leur élan et l’on accompagne ce grand saut, un deuxième album, vers la renommée hors frontières qu’ils n’auront pas volée. Lauréats de la dernière tournée Jazz Migration, ceux dont on a déjà ici souligné la grande complicité et la fraîcheur redoublent encore de tendresse. Il n’est pas vain de le dire, car il est assez rare qu’un duo acoustique au son si nu, accompagné donc d’une grande exigence, détienne un tel potentiel de séduction. Ici l’aisance et la joliesse sont maîtresses et assumées.

« Jolie valse joyeuse » n’a rien d’une publicité mensongère, même si les protagonistes échappés de Ping Machine, très joueurs, manient bien le second degré. Cette composition bonbon agit sur le cerveau comme une ritournelle déclenche des envies de printemps. Attention, il est question de sucre lent : ça tourne encore longtemps en tête après l’écoute. « Jérôma » possède aussi ce gimmick puissant, une mélodie chargée d’une sensualité que l’on n’osait entrevoir dans ce duo. Le timbre de l’alto de Soro n’a en effet jamais été si velouté, si charmeur, en un mot si beau.

Contrebassiste élémentaire - car prouvant sa force dans l’épure - et non rudimentaire, Raphaël Schwab, par modestie, se paye le luxe d’éviter moult soli gonflés, alors qu’il signe presque toutes les compositions. Il sollicite toujours son compagnon, lui offre la rampe de lancement idéale pour de belles échappées, chargées de subtils clins d’œil à d’autres altistes, loin de ses habitudes cependant. Solidifié, sur ce disque, ce dialogue basse-saxophone sonne comme une évidence, prenant des airs de déjà-vu sans pourtant rejouer aucun standard.

Les références - du M-Base de Steve Coleman que Julien Soro, habituellement au ténor, tutoie sur d’autres projets, au jazz-rock des groupes Kami Quintet et Light Blazer dans lesquels il a su se rendre indispensable - le saxophoniste les troque ici pour des mélopées issues des musiques populaires dites « à danser » (valse, mambo) ou un doux minimalisme qui n’aurait pas déplu à Satie (sur « Lente progression »). En réalité, cette envolée de Schwab Soro, c’est une propulsion vers plus de fond.