Chronique

Serge Pey - André Minvielle

Nous sommes cernés par les cibles

Serge Pey (voc), André Minvielle (voc, perc, d, sampler)

Label / Distribution : Labeluz

Minvielle, André : membre actif de la Compagnie Lubat. Alpiniste de l’onomatopée, merlin chanteur au grain légèrement éraillé, tout juste généreux. Pris en flagrant délit d’ivresse.
Pey, Serge : membre actif de l’Uzeste Musical. Rédacteur en poèmes sur bâton, écraseur rituel de tomates, appartient au passé, se bat pour le futur. Pris en flagrant délit d’anti-mondialisme.

Un couple qu’on verrait bien sorti du roman d’Hemingway « Pour qui sonne le glas », se battant pour des valeurs d’humanisme, aux côtés du peuple. En ce sens, un peu guérilleros. Cernés par les cibles (il est facile d’imaginer qui tient les armes), avec pour résister les mots qui font mal, la colère sourde contre l’histoire.
Toujours la même rengaine. Oui, mais c’est toujours le même monde.

Ceux qui attendaient un Canto bis (le chef d’œuvre de Minvielle) vont être déçus, ceux qui ne supportent pas le martèlement des idées de gauche vont fuir.
Car, d’un côté, Minvielle est relativement discret en tant que chanteur, intervenant avec parcimonie. Trois véritables chansons comme trois haltes bienvenues.
Il est plutôt l’orchestrateur du disque, celui qui en bâtit la continuité et habille les textes en adéquation avec les idées. Un côté rural souligné par les flûtes, les différentes peaux, le battement des mains, la voix qui se fait rythmique et un côté moderne avec l’utilisation du sampler (sirènes, fracas, jungle…).

De l’autre, Pey. Texte manifeste, Internationale de la poésie. Une voix de conteur, rauque, celle de l’expérience.
Stylistiquement il use souvent de l’énumération (le titre éponyme, Contre la torture électrique), de l’accumulation, créant un effet répétitif qui met mal à l’aise et prend aux tripes.
S’il n’évite certainement pas les facilités et le côté poseur/tête à claque, il a le mérite d’alerter les consciences en présentant la face la moins fédératrice d’Uzeste.