Chronique

Smash

Patricia Barber

Patricia Barber, p & voc ;John Krekor, g ; Larry Kohut, cb ; John Deitmeyer, batt

Il ne faut pas se fier à sa première impression. Surtout si elle est mauvaise. La photo ratée de la pochette du dernier CD de la chanteuse et pianiste Patricia Barber, Smash, par exemple. Mais on n’achète pas les enregistrements de la chanteuse de Chicago pour ses pochettes glamour.

On retrouve ici son univers poétique, introspectif et terriblement « groovy » dès la première chanson, « Code Cool ». Bien que l’on regrette encore le départ de son (presque) alter ego musical, le contrebassiste Michael Arnopol, avec qui elle avait atteint des sommets de complicité rythmique, le groupe qui l’entoure (à savoir John Krekor, guitare, Larry Kohut, contrebasse et John Deitmeyer, batterie) est assez épatant (mention spéciale pour Deitmeyer très en verve, notamment sur « Bashful »).

Par-dessus tout, Patricia Barber est . Toujours impressionnante chanteuse (la meilleure en « activité » avec Youn Sun Nah), toujours compositrice exceptionnelle et pianiste à son meilleur niveau. Sa voix, grave et chaleureuse, nous envoûte quel que soit le registre - sur les ballades « Romanesque » et « The Swim », sur l’époustouflant titre éponyme qui commence dans un souffle et s’achève dans un cri, sur le virevoltant « Devil’s Food » (« une chanson disco gay », dit-elle), ou sur la bossa nova « Redshift »… Si Smash n’atteint pas le niveau d’enregistrements (on ne parle pas ici de la prise de son, remarquable) tels que Verse ou Mythologies, il se situe néanmoins dans les très bons. Sachant que le meilleur de Patricia Barber est himalayen, on n’est pas loin de l’ivresse des sommets.