Chronique

Soel

Memento

Label / Distribution : Warner Bros.

Certains lecteurs de CD sont équipés d’une fonction dont je me suis toujours demandé quelle était l’utilité : le mode « intro », qui permet de ne lire que les dix premières secondes de chaque morceau. Ce qui permet de se débarrasser de l’album en environ deux minutes.
Cette fonction prend tout son sens avec ce Memento de Soel, dont chaque morceau, qui ne brille pas par son inventivité, est étiré en longueur au-delà du raisonnable, en s’appuyant sur bon nombre de clichés plus éculés les uns que les autres.

On est en droit de se demander si le fait d’être estampillé Saint-Germain Presents est censé apporter une légitimité artistique : pas une fois on n’est surpris ni accroché à l’écoute. On se demande ce que vient faire, dans trois ou quatre des morceaux, une sorte de cousin (saint) germain de Barry White qui s’évertue à papoter sans cesse. On a d’ores et déjà touché le fond, mais on recommence à creuser avec To This World, qui n’a sa place que dans les magasins de vêtements bon marché pullulant dans les centres commerciaux : quelques plages de synthétiseur mille fois entendues, et dès que la chanteuse prononce la quasi unique phrase du morceau - qui sera répétée sans compter - on sait que le massacre sera total. Ceux qui en doutent seront achevés quelques secondes plus tard lors de l’apparition de la batterie.
L’absence absolue d’originalité, ainsi que le grave défaut de croire que la mise en place d’une atmosphère dans un titre impose une durée minimale de six minutes, sont rédhibitoires.

Que reste-t-il à sauver ? un ou deux morceaux peut-être, comme la pièce d’ouverture Le Vicomte ou le suivant Shining Pain qui bénéficient chacun d’une construction musicale relativement aboutie, aussi bien rythmiquement qu’en terme de mélodie. Contrairement à l’enchaînement désolant de titres qui suit.