Chronique

Stéphan Oliva

Vaguement Godard

Stéphan Oliva (p)

Label / Distribution : Illusions

Après Bernard Herrmann (2007), puis Film noir (2010), qui a donné lieu à une sorte de ciné-concert de haute tenue [1], entre autres, voici Godard - vaguement, un titre à la Jean-Luc sans doute, on y reviendra. Dernier volet d’un triptyque qui n’était pas prévu mais s’est imposé de lui-même vu la réussite des deux premiers.

Dernier mais non des moindres quand on sait la place que la musique occupe dans les films du réalisateur suisse, même si nous n’avons pas toujours en tête (à part peut-être ce qui reste dans toutes les mémoires du Mépris ou d’A bout de souffle), ces musiques qui, depuis quelques années, sont, de toutes façons, empruntées au répertoire classique. On n’oubliera pas, par ailleurs, les films plus expressément centrés sur la musique, One + One, repris sous le titre Sympathy For The Devil avec et autour des Rolling Stones, ou Prénom Carmen, voire Notre musique qui, au départ, devait lier le cinéaste à ECM, mais s’est transformé au fil du tournage.

Ici, on est pour l’essentiel dans les films de la première période - Vivre sa vie, Pierrot le fou, A bout de souffle, Une femme est une femme, Bande à part, Les carabiniers, Alphaville, Le mépris, Le petit soldat - pour en sortir seulement (mais quel titre !) avec For Ever Mozart ou Passion. Donc, on reste avec le Godard « nouvelle vague », d’où le « vaguement » du titre, et cette étrange erreur de conception graphique (ou alors c’est volontaire, mais pour quelle raison ?) : un tiret sur la pochette entre « vague » et « ment », alors qu’à l’évidence, on devrait lire et écrire (à la Godard, directement inspiré de Made In USA) « vague » (pour nouvelle vague), « ment » (pour mentir, mensonge et vérité au cinéma, etc.), sans tiret. Détail. Certes. Mais quand même, c’est étrange.

Quoi qu’il en soit, reste à se régaler du récital de Stéphan Oliva sur le label Illusions. Avec un sens très aigu de la précision, un toucher admirablement lumineux, une profondeur totale, le partenaire de tant de chanteuses qui le recherchent précisément pour ces qualités retient l’attention tout au long du disque. Pour le coup, ce n’est ni « vague », ni « ment », mais - si l’on veut, océanique et vrai.

par Philippe Méziat // Publié le 18 novembre 2013

[1Voir ici même notre commentaire dans le compte rendu de l’Atlantique Jazz Festival à Brest.