Chronique

Steve Lacy, Mal Waldron

Live In Berlin

Steve Lacy (ss), Mal Waldron (p)

Label / Distribution : Jazz Werkstatt

À côté de Five Facings, et toujours chez Jazz Werkstatt, un inédit qui date de 1984, enregistré par la radio de ce qui était encore la DDR au Jazzbühne de Berlin. Souvent réunis, toujours en parfaite intelligence, Steve Lacy et Mal Waldron vont chercher du côté de Monk (ce n’est pas une surprise) et de Billy Strayhorn (ce n’est pas un scoop non plus) le prétexte de leur dialogue, poursuivi ici avec l’acuité qu’on devine.

La justesse de Steve Lacy sur cet instrument de torture qu’est le saxophone soprano est un motif d’admiration constante, d’autant que pour y atteindre il ne joue que très peu sur le vibrato, et que jamais il ne faiblit non plus du côté de la « matière » sonore. Sa sonorité est pleine, presque ronde, substantielle en quelque sorte, son timbre se colore diversement selon les moments. Ecoutez A Flower Is A Lovesome Thing par exemple, et retrouvez la petite fleur dans le son lui-même, qui se fait caressant comme un velours avant de s’effiler doucement comme on effeuillerait une pâquerette.

Mal Waldron est un accompagnateur rompu à toutes les aventures : de Billie Holiday, il semble avoir appris bien plus que la musique : la vie, la patience, une forme d’écoute et de tranquillité qui ne se déprend jamais, même dans les moments où il s’accorde la réitération, si ce n’est l’insistance, de motifs obsédants. Et dans ces moments là, Lacy sait lui répondre, et accepte de se fâcher, se lâcher… Un inédit précieux.