Chronique

Steve Noble & Kristoffer Berre Alberts.

Coldest Second Yesterday

Steve Noble (dm), Kristoffer Berre Alberts (ts)

Label / Distribution : Clean Feed

La scène nordique n’en finit pas de produire des saxophonistes adeptes d’une dimension toute à la fois virile et libertaire de la musique. Témoin le ténor Norvégien Kristoffer Berre Alberts, entendu par ailleurs dans la formation Cortex, ici en face-à-face avec le batteur anglais Steve Noble. Partenaire depuis de longues années de la pointe extrême de l’avant-garde, de Derek Bailey à Peter Brötzmann (plusieurs disques dont un déjà chez Clean Feed) en passant par Keiji Haino, ce dernier joue le jeu de la rencontre en duo avec générosité et un goût évident pour la joute.

Les trois pistes, longues au total de trente-six minutes à peine, sont enregistrées live en 2015 à Oslo. Donnée indispensable à cette pratique, le rapport au temps et à l’urgence qu’il réclame permettent un engagement infaillible et un jaillissement immédiat. Ainsi, sans faiblir à aucun moment, les deux s’affrontent en vaillants soldats, échangeant coup pour coup avec une belle prolixité et évitant, comme ce genre d’exercice peut le laisser craindre, la logorrhée.

Basses généreuses et tumultueuses qui grimpent jusqu’au cri en fouillant le moindre recoin de cette ascension, fûts incandescents qui s’embrasent à chaque frappe d’une baguette suractive, les vagues successives qui gonflent en crescendo choisissent astucieusement l’accalmie de quelques aires de repos pour mieux relancer - et très vite - la course. La projection du son, directe, sans fard et d’une franchise qui tient de la gifle en plein visage ne laissent aucun doute sur les intentions des deux musiciens et concourent à l’impact de ce disque.