Scènes

Supersonic : sons of live

Concert du Supersonic de Thomas de Pourquery au Pannonica


Photo : Michael Parque

Vendredi 29 septembre, le Supersonic de Thomas de Pourquery ouvre la saison du Pannonica et met toute le monde par terre. Ou plutôt debout.

L’ouverture de saison du Pannonica se tient salle Paul Fort, au-dessus du club. Le programmateur Cyrille Gohaud présente les grandes lignes à venir et insiste sur la volonté de proposer les différentes formes que prend le jazz aujourd’hui (qui n’a jamais autant mérité son double z en guise de pluriel). Sans opposition, les musiques à écouter assis et les musiques à danser stimulent les oreilles et échauffent les jambes.

En l’occurrence le Supersonic aurait mérité une station verticale. Ce groupe mastodonte défend son deuxième disque (Sons of Love suite Play Sun Ra) avec le même line up dans les studios et quelques remplaçants (de grande tenue) sur la scène. A partir d’illuminations mystico-oniriques foutraques (on y rêve de souris et de musique des sphères) mais calculées (tout cela fait de jolies histoires pour la presse), Thomas de Pourquery (seul saxophoniste au monde à assortir le bec rouge de son saxophone à de magnifiques souliers vernis, rouges également) poursuit son aventure de leader et entraîne avec lui l’adhésion du public.

Frédéric Galiay, photo Michael Parque

A peine le plateau investi, c’est la montée vers les cimes. Il souffle et chante d’une voix pleine. L’humour et la décontraction font le reste, son aura naturelle canalisant toute les attentions. Tout au moins le concernant. A son nez et à sa barbe, les membres de sa formation sont loin d’être en peine. Aussi à l’aise en sideman que dans les parties solistes, la basse féroce et électrique de Frédéric Galiay cloue la musique dans un groove à fort impact qui sied à ravir au batteur Franck Vaillant. Tenant la place d’un Edward Perraud retenu ailleurs, sa polyrythmie et son inventivité foisonnante ne font pas hiatus avec l’esprit du groupe. Sa double casquette binaire/ternaire apporte, de surcroît, des appuis métronomiques à une musique qui se veut à la fois dansante et cérébrale.

Les tutti de saxophones et trompette brûlent les tympans de la salle comme des buissons ardents et ravissent les oreilles des amoureux des dissonances. Si Sylvain Bardiau (exfiltré de Journal Intime) est le plus appliqué, c’est que son premier concert ici nécessite une concentration particulière. Son style intelligent et raffiné donne d’ailleurs une autre couleur que celle qu’apporte traditionnellement le plus direct Fabrice Martinez. Sans doute aucun, il s’en sort magnifiquement.

Également membres du groupe de french-pop Poni Hoax, Laurent Bardainne (saxophone) et Arnaud Roulin (nantais d’origine) complètent l’équipe. Le premier épaule Pourquery et lui rend la monnaie par des solos sinueux et toniques, le second plus discret est un artisan qui soigne les ambiances et finalise les coutures avec un savoir-faire sûr.

Tout cela joue, avance avec puissance (et quand ça tape, ça tape), fait chanter le public, mais peut s’avérer capable de douceur. Le groupe détient des tubes évidents qui devraient satisfaire autant les salles strictement jazz que celles aux esthétiques plus transversales. Réconciliant tous les bords, depuis quelques années, une génération de musiciens issus de la scène jazz, sans renier cette culture, cherchent en effet les moyens de toucher un auditoire plus pop, voire rock. Il n’est pas impossible qu’avec Supersonic, ils aient trouvé un début de réponse.