Chronique

The Cologne Broadcasts

WDR

Label / Distribution : Delta Music / Jazzline

La station de radio WDR 3 est la station culturelle du groupe WDR, une sorte de Radio France pour l’ouest de l’Allemagne. On connaît leur festival WDR Jazz Fest qui passe de ville en ville (Cologne en 2013, Gütersloh en 2014, Dortmund en 2015 et Münster cette année) et ils produisent également (tout comme Radio France) une collection de disques. Il s’agit d’enregistrements publics d’orchestres de jazz (la plupart américains) qui se sont produits en Allemagne. La qualité sonore est bonne, l’enregistrement étant fait dans la salle par les techniciens radio.
Les trois disques présentés ici sont des concerts de tournées, c’est à dire que les orchestres en question enchaînaient les dates, passant de ville en ville, dormant dans les bus et les trains et exécutant leur répertoire de façon un peu machinale. Ce ne sont pas les meilleurs groupes ou les meilleurs concerts, mais il y a néanmoins un certain intérêt, à défaut d’un intérêt certain, à découvrir ces musiques inédites.

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Ella Fitzgerald : Live in Cologne 1974

La diva est déjà une star à cette époque et son groupe est composé de Tommy Flanagan (p), Joe Pass (g), Keter Betts (b) et Bobby Durham (d). Ça tourne vraiment bien sur scène, toute la panoplie de trucs et d’astuces de la chanteuse est proposée, ce qui signifie qu’on ne s’ennuie pas une seconde, Madame a toujours été facétieuse. Sur quelques titres, elle s’amuse à imiter les styles (« Different kinds of music »), sur « The Boy From Ipanema », elle inverse les rôles et part dans un scat délirant ponctué de citations de tout le répertoire brésilien en vogue à l’époque. Sur les deux derniers morceaux, elle est rejointe sur scène par Roy Eldrige et Eddie Lockjaw Davis. Un bon disque qui met en joie. Idéal pour conduire ou faire la cuisine avec des amis.

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Duke Ellington & His Orchestra : Live at the Opernhaus, Cologne 1969

Quelques années ont passé depuis le solo de Gonsalves à Newport et l’orchestre du Duke est reparti sur les routes des festivals avec un regain d’intérêt du public. Son orchestre est rutilant, avec cinq trompettes dont Cat Anderson et Cootie Williams, Johnny Hodges à l’alto, Paul Gonsalves au ténor et bien entendu le fidèle Harry Carney au baryton. Le Duke dirige, joue un peu de piano qu’il partage avec Wild Bill Davis (également à l’orgue). Tout cela est bien roboratif, les standards ellingtoniens sont enchaînés sans heurts. La mécanique est très bien huilée. Un bon disque qui peut suivre le précédent si le trajet en voiture est long.

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Art Blakey & The Jazz Messengers : Live in Moers 1976

Le groupe du batteur, cofondé en 1953 avec le pianiste Horace Silver, a une longévité impressionnante puisqu’il dura jusqu’à la mort du batteur en 1990. Aussi, de très nombreux musiciens y ont fait un séjour plus ou moins remarqué (on pense à Lee Morgan, Wayne Shorter, Benny Golson, Wynton Marsalis… la liste est très longue). Mais l’année 1976 est une année creuse pour le groupe du batteur Art Blakey qui est accompagnée de Bill Hardman (tr), David Schnitter (sax), Mickey Tucker (p) et Chris Amberger(b). Ce n’est pas mauvais, les musiciens assurent sur des thèmes du répertoire, des standards et des compositions de Benny Golson ou Walter Davis Jr., mais tout cela est un peu fade en comparaison des brasiers allumés par les effectifs précédents. Il faut dire qu’en 1976, le hard-bop est passé de mode et Blakey fait de la résistance dans son coin.