Chronique

The Octopus

Subzo[o]ne

Nathan Bontrager (cello), Elisabeth Coudoux (cello), Nora Krahl (cello), Hugues Vincent (cello)

Label / Distribution : Leo Records/Orkhêstra

Formation franco-allemande, The Octopus investit le champ de l’improvisation libre sur le mode d’une entité quadricéphale indivisible. A partir d’une musique créée dans l’instant, le quartet tient, en effet, soudé par les intentions de chacun autour d’un foyer unique, aidé en cela par une similitude des timbres puisque les quatre instruments sont tous des violoncelles (Nathan Bontrager, Elisabeth Coudoux, Nora Krahl et Hugues Vincent).

Cette horizontalité spectrale permettant d’atteindre une véritable épaisseur dans les tutti, est également le moyen de générer de larges modulations allant de la caresse à la morsure. Grattements, étirements, frottements, claquements divers s’acharnent ainsi à fouiller le son dans toute sa matérialité et positionne Subzo[o]ne dans des lieux à l’orée du sensuel mais jamais du sensible.

Car ce dépouillement austère qui maintient l’ensemble dans un état amélodique et arythmique est dans le même temps créateur d’une tension fructueuse. Usant de l’expectative comme stratégie de progression, les musiciens à l’affût prennent à leur convenance l’initiative des propositions dans des échafaudages brutaux sur lesquels tous montent. Les développements s’agglomèrent ensuite autour de ces idées minimales et s’organisent par pointillisme.

Le sentiment d’unité est renforcé par le remodelage incessant de la hiérarchie de ce quartet sans leader, et lorsque, au long de ces quatorze pièces plutôt brèves, le souffle vient, des drapés célestes s’élèvent constellés d’étoiles tranchantes.