Chronique

Thibault Florent

So-lo-lo #2

Thibault Florent (g, perc, comp).

Label / Distribution : Autoproduction

Bis repetita, et c’est toujours aussi bon ! Le guitariste Thibault Florent, par ailleurs membre de pAn-G sous la conduite d’Aloïs Benoit, revient avec sa guitare préparée et ses nombreux détournements rythmiques, frottés et bruitistes. Voici donc so-lo-lo #2 [1], suite naturelle et tout aussi réjouissante de so-lo-lo, paru en 2014. Et ce qui valait pour le premier épisode d’une série à laquelle on souhaite de nombreuses saisons vaut largement pour le second.

La guitare 12 cordes du néo-tourangeau n’est pas un instrument comme les autres. Elle est un laboratoire, un moyen de locomotion pour chemins de traverse, un outil au service d’’une transe rythmique à laquelle on s’abandonne. D’ailleurs, toute résistance serait vaine et facteur d’incompréhension. Alors, à condition d’accepter les règles de ce jeu hypnotique, on imagine parfaitement le spectacle des mains de Thibault Florent qui battent, caressent, griffent, égrènent des notes scintillantes et métalliques ou lancent des appels dans un grand trou noir où le temps semble se figer (ainsi, le lancinant final de « Célébration onirique », ou « Cumulo Nimbus », qui ne sont pas sans évoquer l’univers glacé et ambient de Fripp & Eno). On pense aussi à un gamelan à la tonalité nocturne (« Grêle », « Coda »). Pas de panique cependant face à tous ces surgissements et autres espaces inquiets, car des images plus rassurantes peuvent percer parfois, comme celles d’une locomotive (« La loco ») ou d’’un petit oiseau (« Ornithologie »).

On aura compris qu’il ne s’agit pas de chercher dans so-lo-lo #2 cette mélodie à laquelle il est parfois aisé de s’accrocher, pour se rassurer. Thibault Florent est avant tout un artisan du son, qu’il explore à la façon d’un inventeur un peu fou, ajoutant çà et là quelques percussions, mobilisant des objets dont la nature reste énigmatique. Quelle importance, après tout ? On n’est pas obligé de mettre son nez dans la cuisine d’un chef pour en goûter les plats.

Thibault Florent connaît bien des faces cachées de sa guitare, ici élevée au rang d’instrument à essais, comme on le dirait d’un tube. Il choisit d’en dévoiler quelques-unes en se gardant bien d’épuiser le sujet. C’est parfait : ainsi so-lo-lo #2 se présente comme un objet entouré de son petit cortège de mystères et attise un peu plus encore la curiosité. Cerise sur le gâteau, la pochette cartonnée est tout aussi réussie que celle de son prédécesseur. Voilà décidément une belle affaire à suivre !

par Denis Desassis // Publié le 15 avril 2018
P.-S. :

[1Distribué par les Allumés du Jazz et disponible sur toutes les plateformes de téléchargement.