Chronique

Tomasz Stanko

Suspended Night

Tomasz Stanko (tp), Marcin Wasilewski (p), Slawomir Kurkiewicz (cb), Michal Miskiewicz (b).

Label / Distribution : ECM

Depuis quelques années, le trompettiste polonais Tomasz Stanko nous propose des projets plus magnifiques les uns que les autres. En 1999, en compagnie de John Surman il nous faisait partager un hommage à la musique slave, From the Green Hill, autour du violon et de l’accordéon. Puis, il y a deux ans, avec une trio de jeunes talents : Marcin Wasilewski au piano, Slawomir Kurkiewicz à la contrebasse et Michal Miskiewicz à la batterie, un disque introspectif, sur lui et sa musique : Soul of Things. Dix variations sur le même thème, sans contraintes structurelles, afin de laisser libre cours à l’improvisation. Une révélation.

Avec Suspended Night, il s’agit effectivement d’une supension de la nuit, ou plutôt du temps. Ce disque est une suite, un prolongement du précédent. La trompette écorchée vive de Stanko nous transporte dans un monde de rêve. Son discours, tout en douceur, est ponctué de sonorités (cris, inflexions) proches du free jazz. Il instaure un vrai dialogue entre lui et le reste du quartet. C’est le pianiste Marcin Wasilewski qui sort grandi de cette expérience. Il suit et ponctue magnifiquement chaque discours du trompettiste. La batterie dépouillée renforce son travail, et les échanges avec la contrebasse sont d’une très belle finesse.

Stanko veut nous faire partager une musique qui va au-delà des frontières du jazz. Il crée des ambiances profondes, imprégnées des sonorités traditionnelles de son pays, pour nous servir sur un plateau d’argent une musique puissante et évocatrice.
Son passage au dernier Festival de Jazz de la Villette, en première partie du trio E.S.T, fut une vraie révélation pour le public français. Le quartet de Tomasz Stanko est sans nul doute l’un des meilleurs du moment.