Scènes

Tony Gatlif « Swing »


Après « Latcho Drom » et « Gadjo Dilo », voici le dernier voyage en date de Tony Gatlif dans le monde musical des gitans.

Dans ce nouvel opus, Tony Gatlif continue son exploration du monde
tzigane, après Latcho Drom et surtout Gadjo Dilo. Là encore, le film
retrace l’éphémère parcours initiatique d’un « gadjo » au sein d’une
communauté qui lui est inconnue. La découverte et l’intégration ont de
nombreux visages : l’amour dans Gadjo Dilo, la musique dans Swing.
Le film est à l’image du cahier secret d’un d’enfant : simple, candide
et plein d’espoir. Au-delà de la découverte du monde gitan et des
premières amours de Max, un jeune garçon prenant des cours de guitare
manouche chez un gitan virtuose, le personnage principal du film est
bien la musique tzigane et le dépassement des clivages communautaires.

Au-delà des défauts du film, issus de sa naïveté et de la narration
menée du point de vue de Max (on frise parfois le mélo, et les clichés
de l’enfance et des premières amours sont nombreux), la richesse du
film, c’est l’ombre de Django, c’est une reprise endiablée des Yeux
Noirs
dans une caravane embrumée de fumée et d’alcool, c’est un boeuf énergique qui redémarre à l’aube quand les yeux piquent de fatigue, c’est un gamin de treize ans qui est un petit Bireli Lagrene en
puissance, c’est un chant arabe enseigné à une chorale de
Strasbourgeoises et écouté par un Juif admiratif, c’est le jeu
virtuose et la moustache de Tchavolo Schmitt, personnage autrement plus authentique que l’Emmett Ray de Woody Allen dans Accords et Désaccords, c’est un souffle de liberté qui nous emmène loin, bien loin de l’aliénation du quotidien. Les morceaux, pour la plupart des compositions originales, se situent à la frontière entre musique tzigane, yiddish et manouche, entre Bratsch, Ben Zimet (qui joue dans le film) et Django, Romane ou les frères Rosenberg.

Bref, un film qui insuffle une grande énergie issue de la musique, un
grand enthousiasme et une irrépressible envie de taper du pied et
d’aller taquiner les six cordes. Même si les doigts ne sont jamais
aussi rapides que l’on souhaiterait.