Chronique

Tony Paeleman

Camera Obscura

Tony Paeleman (p, Rhodes), Julien Pontvianne (ts, cl), Nicolas Moreaux (b), Karl Jannuska (dms) + Emile Parisien (ss), Christophe Panzani (ts, bcl), Antonin-Tri Hoang (as, cl), Pierre Perchaud (g), Sonia Cat-Berro (voc)

Label / Distribution : Shed Music

Après un premier voyage en 2013 à bord de Slow Motion, déjà empreint d’images et d’émotions qu’on découvrait avec beaucoup de plaisir, quelques collaborations très inspirées (Vincent Peirani, Aum Grand Ensemble, Rémi Vignolo, Anne Paceo…) et d’autres projets de groupe (The Watershed et 117 Elements), Tony Paeleman revient en quartet avec un deuxième album, Camera Obscura, et nous invite à poursuivre le périple, avec cette fois une réelle intention de pousser plus loin l’exploration de sentiers inédits.

L’empreinte artistique du pianiste compositeur est de plus en plus marquée, et ses influences de moins en moins repérables. Ce qui, en seulement deux albums, révèle un talent rare et promet de beaux lendemains. On retrouve ce sens très affiné de la composition, servi par une grande virtuosité, jamais là pour parler d’elle mais toujours pour montrer, mettre en lumière une proposition. Ce n’est pas un hasard si autant de mots empruntés à l’univers de la photographie collent si bien à celui de Tony Paeleman. Le musicien semble trouver dans le développement et la projection d’images le pendant visuel à sa création sonore. Il développe son imaginaire et lui donne une représentation à sa mesure.

C’est avec enthousiasme qu’on embarque sur « Hex », tout en mouvement, marqué par ce rythme entraînant qui disparaîtra peu à peu pour ne pas avoir à s’arrêter. On croirait le voir s’éloigner, continuer sa route quelque part. L’interprétation fascinante de « Roxane » de Police - qu’on on ne connaissait pas sous cet angle - nous rappelle qu’elle vient de loin et qu’elle n’a pas fini de nous surprendre. « Broken Frame », quant à lui, nous offre un bol d’air par le panorama de grands espaces qu’il suggère, où l’on se laisse aller volontiers. Il y a beaucoup à recevoir de l’infinie richesse, de la puissance diffuse de « Zadar », un morceau qui évoque l’apesanteur et donne le frisson.

Entouré des mêmes complices que pour Slow Motion, à savoir Julien Pontvianne, Nicolas Moreaux et Karl Jannuska, ainsi que d’invités récidivistes comme Pierre Perchaud et Sonia Cat-Berro, le pianiste a aussi convié Émile Parisien, Christophe Panzani et Antonin-Tri Hoang pour un disque à grand angle, le plus ouvert possible, une musique qui s’écoute pour nous donner à regarder.