Chronique

Tord Gustavsen Trio

Changing Places

Tord Gustavsen (p), Harald Johnsen (cb), Jarle Vespestad (d)

Label / Distribution : ECM

Au premier abord, Tord Gustavsen offre une musique visant une beauté évidente et tournée vers la mélodie. En effet, c’est très joli, mais les écoutes répétées montrent que la beauté en est assez superficielle.

Tous les morceaux, sauf IGN, ont un tempo lent tournant autour de 60 à la noire, sont joués très doucement, tout en relâchement et avec peu de moments de tension. En soi, ceci n’est pas un problème. Plus gênant : au bout de la cinquième plage, les limites de l’écriture de Gustavsen sont atteintes et tous les morceaux commencent à se ressembler. Cette monotonie est seulement troublée ici par une montée du volume ou là par un peu d’ambiguité et de doute (dans le trop court Interlude). La version solo de Song of yearning, montre que le concept de l’album est trop étriqué et que Gustavsen a d’autres ressources qui n’ont pu s’exprimer ici.

L’accompagnement est peut-être le point le plus fort de Changing Places. Johnsen est généreux et totalement dénué d’ego : son soutien à Gustavsen est taillé sur mesure et dans ses courts solos il semble chercher à s’effacer derrière ses notes. Vespestad livre une performance remarquable, au vu des contraintes de tempo et de dynamique : il reste sur le qui-vive et offre constamment ces moments de surprise et de tension qui font cruellement défaut ailleurs.