Triangulation

Figure importante du jazz rock, John Wolf Brennan réunit autour de lui un quartet - nommé Triangulation - composé de Patrice Héral (percussions, boucles, voix), Bruno Amstad (voix, boucles), Christy Doran (guitares électriques et acoustiques, boucles, sons électroniques). Brennan joue sur ce disque du piano et du melodica, comme à son habitude, mais aussi - c’est nouveau - de l’harmonium indien et de l’accordéon.

L’harmonium est la porte d’entrée de ce disque roboratif qui vogue allègrement entre Occident et Orient, au fil de ses treize titres qui multiplient mélopées entêtantes, ragas, accords indécis et - c’est l’apport de l’harmonium - quarts de ton et effets de chromatisme. La musique puise autant aux sources du rock progressif (complexité rythmique et structurale) que d’un jazz nourri de musique orientale, pour constituer une formule singulière, qui n’est réductible à aucun genre. L’électronique, omniprésente mais discrète, s’efface presque toujours derrière la chaleur du son. Que ce soit l’écho sur la guitare ou l’espace ménagé autour de la percussion, la production, très simple, privilégie le rendu live et la présence des musiciens.

Ni vraiment jazz ni vraiment rock, mais entretenant une filiation indubitable avec les marges de ces genres, Whirligigs est un disque surprenant de bout en bout, d’un baroque parfois excessif, mais presque toujours déroutant. On ne saurait reprocher au groupe de chercher à créer la surprise, surtout quand il le fait avec ce brio.