Chronique

Tribute To James Reese Europe

Spirit Of Chicago Orchestra, Formation Jazz de la Musique de l’Air

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

Lecteurs attentifs de Citizen Jazz, vous savez tout (ou presque) sur les actions diverses menées en direction de l’arrivée du Jazz en Europe par la Mission du Centenaire de la Première Guerre Mondiale. En voici une traduction enregistrée, en collaboration avec le Hot Club Jazz’ Iroise et deux orchestres épatants, le « Spirit Of Chicago Orchestra » dirigé par Bastien Stil, et le big band de l’Armée de l’Air animé et dirigé par Stan Laferrière.

L’intérêt majeur de cette production est de faire entendre deux fois le même répertoire - celui de James Reese Europe, qui fut à la tête de la musique des fameux « Harlem Hell Fighters » et dirigea de nombreux concerts en France, dont celui de Nantes - par deux formations dont l’une joue « strette » les compositions du lieutenant, quand l’autre les interprète de façon plus libre, dans un style inspiré des big-bands swing des années 30-40.

On dira d’abord ceci : il est extrêmement agréable d’entendre cette musique (ragtime structuré ou jazz marqué par le swing) reproduite avec tout le confort moderne. On a beau aimer les 78 tours et leurs ineffables gazouillis, les originaux de l’officier J.R.E. sonnent un peu lointains (ils datent de l’époque de l’enregistrement acoustique), et l’on se prend à trouver du coup une saveur particulière à leur interprétation « Hi-Fi », qui permet de mieux comprendre ce qui fut l’étonnement des premiers auditeurs. On ajoutera que c’est aussi une belle leçon d’histoire : car 1918 est pour nous (et de plus en plus au fur et à mesure de l’avancée inexorable du temps !) de plus en plus proche de 1961 (Free Jazz d’Ornette Coleman) par rapport à 2018 : 43 ans et cent ans, ça va finir par beaucoup se rapprocher !!! Encore un effort, et le jazz sera (relativement) unifié.

Une oreille amoureuse de la musique en général, et du jazz en particulier, même dans ses versions les plus contemporaines, ne saurait se priver d’un tel plaisir, sensible et conceptuel à la fois.