Triocéphale

Parents, prenez garde. N’achetez pas ce disque. Sinon la sanction sera inévitable : vous errerez sur votre lieu de travail en chantonnant toute la journée des titres tels que « Alouette », « Frère Jacques », « Sur le Pont d’Avignon » ou « Il était un petit navire ». Car c’est bien ce patrimoine des chansons d’enfance, sorte de Real Book de nos rejetons, que le groupe Triocéphale revisite dans un registre jazz, avec malice et créativité.

Pour parler aux enfants, quoi de plus naturel que l’emploi d’un langage qu’ils connaissent déjà ? Triocéphale choisit donc de rester au plus près des mélodies originales, afin que les enfants soient en terrain familier, mais aussi d’enrichir les morceaux d’une harmonisation musicale et vocale très élaborée, le tout dans une grande variété de styles. La bossa-nova fricote avec le mambo, la valse chahute avec le swing, le tout arbitré par les choeurs (parfois en canon) et les riffs de cuivres. Les arrangements sont inventifs et dynamiques, et si Triocéphale est au départ un quartet, il multiplie les invités et fait délibérément dans le contraste (trombone, sax ténor, flûte…). Cela donne également à ce disque une certaine qualité pédagogique (identification des instruments par le jeune public).

Bref, ici l’expression disque tout public n’est pas usurpée : tandis que les enfants apprécieront d’écouter « leurs » chansons, les parents se replongeront avec plaisir dans ces thèmes universels, qui subissent ici une véritable cure de jouvence.