Chronique

Ueno Park

Dix-mille yeux

Manu Adnot (guitare)

Label / Distribution : Tropāre

Membre du trio Sidony Box, du quartet April Fishes ou du tout nouveau Dark Radish, acteur important de la scène nantaise et française depuis quelques années, Manuel Adnot nous convie à la découverte de son univers personnel avec ce disque en solo - sous le nom Ueno Park - enregistré comme un voyage.
Sur Dix-mille yeux, le guitariste ne joue que de la guitare acoustique à cordes nylon, nous offrant cette sonorité si particulière, à la fois douce, ronde et au sustain caractéristique, entièrement naturelle.
Mais attention, bien que ce soit un solo, Adnot utilise les techniques d’overdubbing, s’autorisant de nouvelles perspectives de jeu où une ligne enregistrée va servir de boucle sur laquelle il va ajouter une, deux, voire trois voix supplémentaires, enrichissant ainsi le propos, multipliant les perspectives. L’auditeur retrouve ou découvre la belle sonorité de Manuel Adnot, portée par sa grande maîtrise instrumentale, qui sert à merveille le propos de Dix-mille yeux et ses pérégrinations musicales.
L’occasion de découvrir un monde passionnant, ouvert, très riche, entre arpèges renversants et transe acoustique, mélodie pop et folklore imaginaire. Ueno Park, parc situé à Tokyo, n’est ici qu’un prétexte pour la musique et non le signe d’une inspiration japonisante. L’auditeur est convié à feuilleter un carnet de voyage intérieur. Ou plutôt, c’est un carnet de lieux : chaque morceau a été enregistré dans un environnement différent et singulier - chapelle, couloir - et ces lieux semblent naturellement habiter et influencer la sonorité mais également la thématique de chacun des morceaux. L’auditeur a l’impression de pénétrer l’intimité du musicien, de découvrir pleinement son jeu très aéré, superbement servi par la prise de son.
Dix-mille yeux est passionnant, foisonnant, florissant, lumineux, introspectif.
Chaque écoute révèle de nouvelles perspectives. Une très belle réussite, singulière, que cet exercice périlleux.