Chronique

Umberto Petrin / Tim Berne

Ellissi

Umberto Petrin (p), Tim Berne (as), Giovanni Maier (b), Roberto Dani (d).

Label / Distribution : Splasc(H) records

Enregistré il y a bientôt deux ans en Italie, Ellissi vous fait dès le premier morceau pénétrer dans un univers atypique dont le cachet s’étend du soin porté aux articulations mélodiques jusqu’au vocabulaire franchement contemporain ; on peut avoir l’impression d’écouter du free jazz, alors qu’on navigue par gros grain dans un espace discrètement mais fermement structuré. Et quel espace ! Le goût du son y est presque palpable et évite l’écueil de la pure complaisance pour se fondre dans un authentique travail de trio, admirable de richesse rythmique, de liberté dans la progression des morceaux et pullulant de petites et grandes trouvailles.

Intégralement composée par le pianiste Umberto Petrin et marquée par une ouverture franche à l’improvisation, la musique est soutenue par des artiste faisant preuve d’une qualité d’écoute mutuelle et un niveau d’interplay rare, la musicalité du batteur Roberto Dani, proche du jeu d’un Paul Motian, n’étant d’ailleurs pas étrangère à l’affaire : le contrebassiste trace un sillon que la batterie offre à la fécondité d’un piano attaché à ses racines européennes. Résultat, on entend les fleurs pousser. Au troisième titre, le sax de Tim Berne fait une entrée époustouflante, très théâtrale ; il ne reviendra que sur trois autres morceaux, mais à l’inverse de son dernier enregistrement live avec la Jazzophone Compagnie (Jazzophone Cie, Mosaïque) où son sax s’intégrait à merveille dans cette ensemble de soufflants, on entend ici le son Tim Berne ; et cela dérange. L’originalité et l’aboutissement de la démarche de ce trio est sans doute trop forte pour bien supporter la surimpression de son jeu si caractéristique. Quoiqu’il en soit, Ellissi n’en brille pas moins d’un éclat nocturne, et reste un album à découvrir.