Chronique

Veronika Harcsa - Bálint Gyémánt

Shapeshifter

Veronika Harcsa (voc), Bálint Gyémánt (g), Nic Thys (b), Antoine Pierre (dm).

Label / Distribution : Traumton Records

La vocaliste Veronika Harcsa et le guitariste Bálint Gyémánt ont formé un duo dès 2014, enregistrant les albums Lifelover en 2014, puis Tell Her en 2017 sur le label allemand Traumton. Mais ils s’étaient déjà rencontrés lors de leurs études à l’Académie Franz Liszt de Budapest. Après l’obtention de son diplôme en 2008, la chanteuse hongroise a gagné le Conservatoire de Bruxelles pour son Master, ce qui lui a permis de croiser différents musiciens belges : Kris Defoort et Nic Thys pour l’album Diving Poet Society, avec Guillaume Orti au saxophone alto, ou Antoine Pierre pour le projet Next Ape. Par ailleurs, elle croise aussi Bálint Gyémánt au sein du quartet électro Bin-Jip (plusieurs albums dont Heavy). Passant avec aisance de la guitare acoustique aux consonances folk à la guitare électrique, plus rock, aux multiples effets, Bálint Gyémánt a fait partie du quintet Transform du pianiste américain Joey Calderazzo et enregistré sous son nom, True Listener en 2017 pour le label hongrois BMC. Un album très mélodique gravé en trio, avec Tibor Fonay (contrebasse) et László Csízi (batterie).

Si elle partage sa vie entre Budapest et Londres, Veronika se produit aussi souvent à Berlin où, avec le duo, elle a pu inviter différents musiciens, comme le vibraphoniste David Friedman ou le tromboniste Samuel Blaser. Pour Shapeshifter, elle retrouve deux amis belges : Nic Thys à la contrebasse et Antoine Pierre à la batterie, soit, comme aime à le rappeler le dossier de presse du label, les deux complices de Taxi Wars.

Au répertoire, huit compositions originales, sur des textes et musiques de Veronika, à l’exception de « San Francisco » et « Shapeshifter » dont Bálint a écrit la musique et « Boris’Rebel » sur un texte de Borbála Harcsa. Tout au long du disque, on retrouve la voix fluide et cristalline de Veronika, dont les mots se prolongent souvent en vocalises limpides. La musique navigue entre folk au tempo alangui (« Listen To Me Now » joué par Bálint à la guitare électrique ou « San Francisco » joué à la guitare acoustique et dont le rythme s’emballe avec l’entrée en scène de la batterie sur des vocalises ondoyantes) : « We like the duality between catchy melodies and conceptual soundscapes » (V. Harcsa). On retrouve aussi ces paysages atmosphériques avec la suite « First Night » (et un beau passage voix-contrebasse), « Second Line » (le travail tout en légèreté aux balais d’Antoine Pierre), puis « Last Night », trois pièces qui traduisent la solitude des villes la nuit, suivie de l’activité fiévreuse de certaines sorties nocturnes, avec une guitare électrique à l’énergie rock. « Our songs have verses, bridges and refrains like a pop song, but the melodies and harmonies are rooted in jazz esthetics and modern music » (V. Harcsa). Septième plage de l’album, « Shapeshifter » s’ouvre sur le duo voix-guitare puis s’emballe avec la rythmique omniprésente. Pour clore l’album, retour à une sorte de ballade pour « Boris’ Rebel », avec un chœur » assuré par Antoine Pierre.

Un album passionnant de bout en bout, avec ses paysages contrastés et la magie de la voix de Veronika Harcsa. Pour preuve une longue tournée qui, commencée en mars, se prolonge jusqu’en juin, avec deux dates en Belgique.