Chronique

Vincent Bourgeyx

Short Trip

Vincent Bourgeyx (p), Matt Penman (b), Obed Calvaire (dm), guests : David Prez (ts, ss), Sara Lazarus (voix)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

Vincent Bourgeyx ne déviera pas de sa ligne de conduite, de sa ligne de musique, de sa façon d’envisager la vie et le jazz, sachant que ce dernier mot de la langue est aussi et peut-être surtout un adjectif, qui qualifie une manière, une attitude, une façon d’approcher le monde. Soit : une certaine fidélité totale au swing, au rebondissement, à cette chose ternaire dont il n’est pas le seul à revendiquer la possession, dans tous les sens du terme, y compris la réflexivité.

Le résultat est manifestement un progrès constant dans l’écriture, dans le choix des standards, dans le choix des partenaires aussi. Son séjour aux Etats-Unis, long et productif, l’a conduit à un sens de la forme bien affirmé, en même temps qu’à une ouverture d’esprit précieuse. Cette fidélité en a provoqué une autre, également indispensable, celle de son producteur Jordi Pujol, directeur de Fresh Sound.

J’aime beaucoup, dans la partie médiane en trio de « Abbey », la danse entre main gauche et main droite, pas loin d’un nommé Rubalcaba. Écoutez aussi l’introduction de « I Got Lost In His Arms » où la très belle voix de Sara Lazarus dialogue avec Matt Penman, avant l’entrée discrète du piano et de la batterie. Un modèle de style, de discrétion et de style. De même avec « Choral » qui fait entendre le soprano de David Prez et, encore une fois, le piano apaisé du leader. Et ainsi de suite jusqu’à ce solo admirable qu’est « For All We Know ».

Ce disque aura une longue carrière, en tous cas c’est à souhaiter. Car il faut parfois, surtout dans les temps actuel, bien de la patience. Short Trip ? Sans doute, comme il est dit dans les « liner notes », une manière de trouver le « chemin le plus court vers le plaisir », le sien peut-être (allez savoir !) mais le nôtre c’est certain.