Walter Smith III

Walter Smith III s’impose tranquillement dans le paysage du jazz actuel. S’il fallait lui trouver un équivalent, il faudrait regarder du côté du pianiste Kenny Barron, plus âgé certes, mais qui fait preuve d’une sérénité inébranlable, produisant du travail soigné, impeccable, d’une qualité constante. Mais attention : qu’on ne voie pas ici un discours de condescendance sur l’artisan besogneux (le petit maître, entend-on souvent) face à l’artiste maudit, forcément génial.

Twio vient à point pour étayer mon propos, car Walter Smith III, ses compères habituels Harish Raghavan et Eric Harland et ses invités de marque, Christian Mc Bride et Joshua Redman, offrent une musique à la qualité constante, à travers les facettes du jazz sans piano : duo saxophone/batterie (« We’ll Be Together Again »), trio saxophone/contrebasse/batterie, Harish Raghavan et Christian Mc Bride en alternance, ou encore quartet à deux ténors. On pourrait ajouter, dans « Ask Me Now », le long solo absolu, à la manière de Sony Rollins.

A cette diversité s’ajoute la palette des standards, parfaitement maîtrisés. On aura une préférence pour « The Peacocks », ballade de Jimmy Rowles, et pour « Adam’s Apple », avec un solo de batterie d’Eric Harland parfaitement construit, à la manière de Max Roach avec, encore lui, Sonny Rollins.

Enfin, la relation Walter Smith III/ Joshua Redman aurait pu se résumer à la formule chase, genre Dexter Gordon/Wardell Gray. Pas du tout. On a affaire ici à deux compères qui discutent paisiblement en train de faire leur jogging, en application du principe de plaisir. Qui vaut aussi pour l’auditeur de Twio.