Chronique

Yves Robert

In Touch

Yves Robert (tb), Vincent Courtois (cello), Cyril Atef (d)

Label / Distribution : ECM

Après les festivités hautes en couleur de « l’Eté », le tromboniste Yves Robert nous revient avec une pirouette à 180 degrés. Comme cela est suggéré par la couverture - une lune rendue floue par d’étranges nuages noirs, un retour à un certain calme, à de longs épanchements avec sans doute une invitation pour l’auditeur à clore ses yeux pour mieux se rapprocher de ces 48 minutes de tendresse.

Il y aurait même un sentiment quasi religieux qui se dégage de cette musique étrangement belle. Les différents interludes font penser à requiem pour orchestre de chambre, et sont joués comme un souvenir de plus en plus lointain et qui revient obstinément.
Profitant pleinement du son ECM qui la sert magnifiquement (la réverbération sur « Let’s lay down  »), la musique tisse sa toile baroque, dont elle hérite d’une certaine austérité, tout en se faisant câline et sensuelle. Parfois elle se meurt presque tout à fait, suspendue aux caresses des balais ou vivant frêlement à travers la respiration du tromboniste.
Mais n’allez pas croire qu’Yves Robert est un sévère, tout au contraire. Il sait saupoudrer d’humour ses brillantes interventions, aidé en cela par une technique irréprochable. Il paraît comme ça un peu nonchalant ; il est simplement insaisissable à l’image de sa musique.
Quant à Cyril Atef et Vincent Courtois, ils sont les plus précieux des partenaires, servant pour l’un un groove précis et imaginatif et pour l’autre une grande culture du violoncelle tour à tour classique et débridée.

Peut-être moins directement lisible que son illustre prédécesseur (« L’Eté » chez Deux Z), In Touch confirme tout le bien que l’on pense d’Yves Robert, et cela nous le rend encore plus indispensable.