Chronique

Chris Joris

Out of the night

Chris Joris (perc, p), Pierre Vaiana (ss, ts), Cécile Broché (vln), Pieter Thys (g), Fré Desmyter (p), Chris Mentens (b), Frédéric Malempré (perc), N’Faly Kouyaté (kora, voc), The Mons Orchestra

Label / Distribution : De Werf

Le percussioniste belge Chris Joris est depuis longtemps attiré autant par le jazz que par la musique africaine : sa batterie hybride composée de toms, de cymbales et d’un djembé en atteste. Out of the night présente le côté le plus calme de sa musique, et lui ajoute la touche classique de l’ensemble de cordes de l’Orchestre de Mons.

Du fait de la mise en retrait du rythme, la voix qui ressort le plus est celle de Pierre Vaiana. Ce maître (le mot n’est pas trop fort) du saxophone soprano développe une sonorité grave et pleine, un timbre clair dépourvu de la dureté caractérisant beaucoup de joueurs de soprano. Il impressionne autant sur les ballades comme A Four Letter Word et Friday the 12th que sur le bop rapide de Mal (un hommage à Mal Waldron ?).

L’adjonction des cordes ne se passe pas sans mal. Earth et June 25 sont des sortes de concertos, pour percussions et bérimbau respectivement, dont les parties orchestrales restent assez fades, sans beaucoup de rythme ni d’interaction avec le soliste. Ce manque de rythme reparaît sur I Heard a Milonga : la ligne de basse, inspirée du tango, semble nous inviter vers la rue, la transpiration et le corporel, mais l’orchestre nous ramène dans le salon et la formalité.

Plus réussie est la rencontre entre la guitare à double manche et 19 cordes de Pieter Thys et la kora de N’Faly Kouyaté. Le choix de l’instrument est judicieux et tisse un lien évident entre le blues du Delta et la sonorité pincée de la kora. Ce lien transparaît également dans Ballad for A Tortured Africa, dont la longue introduction rêveuse au piano rappelle que Joris a été pianiste avant d’être percussioniste.