Chronique

Gabor Juhasz with Palle Mikkelborg

60/40

Gabor Juhasz (g, oud, tampura), Palle Mikkelborg (tp, bugle, claviers), Hellen Davies (h), Zoltan Lantos (v), Jozsef Horvath Barcza (cb), Peter Szalai (tabla), Andras Dés (perc), Elemer Balazs (d).

Label / Distribution : BMC Records

Quand deux cultures se rencontrent, qui plus est lorsqu’il s’agit de jazz, le résultat est souvent passionnant. 60/40 (allusion aux battements du cœur) est une expérience, passionnante bien sûr, mais surtout profonde. Les deux protagonistes de cette aventure sont des musiciens accomplis dans leur pays et reconnus sur la scène européenne. Gabor Juhasz, guitariste, membre du groupe hongrois Off Course, depuis dix ans est de toutes les expériences de la scène jazz hongroise. Palle Mikkelborg, trompettiste, leader du jazz danois en Europe depuis les années 60, a dirigé plusieurs groupes - dont Entrance - et composé une pièce majeure nommée Aura, dans le cadre d’un hommage à Miles Davis.

60/40 est un hommage au vent, à la terre, à tous les éléments qui qui rythment notre vie. Et ici c’est bien de rythmes, de battements qu’il s’agit. Où que nous soyons, il y a toujours un bruit qui crée un rythme, une cadence. Qu’on soit eul ou en groupe, en ville ou en forêt, toujours un son rythme le moment présent. C’est de ces sonorités que se sont inspirés Gabor Juhasz et Palle Mikkelborg. Huit thèmes composent ce disque : quatre de Gabor Juhasz, deux de Palle Mikkelborg, un de Charlie Mariano et un d’Archie Shepp.

Entre jazz-rock, jungle et musique slave, le premier thème de ce disque, « Monsoon », nous transporte dans un monde de dialogues. Le violon de Zoltan Lantos donne une teinte lunaire à cette composition. Cette sonorité aiguë, modulée, rappelle l’ambiance post-moderne de Vangelis pour le film Blade Runner. La guitare de Juhasz, très jazz-rock, contrebalance parfaitement la trompette presque en détresse de Mikkelborg. Le trio tabla-harpe-trompette de « Waterfall » est un pur moment de finesse et de volupté. « Far Yet Close » est une pièce étrange. Bercées par la harpe de Helen Davies, la guitare et la trompette se détachent dans une ambiance teintée de folklore slave, mais aussi dans écho quasi médiéval. « Youth », composition de Mikkelborg, est un hommage à la jeunesse passée. La douce frénésie de cette pièce renvoie à toutes les occasions où l’action a pu primer sur la réflexion. Sur ces treize minutes, Mikkelborg, Lantos et les autres s’aventurent de temps en temps dans les franges du free jazz, comme pour dire « jeunesse égale liberté ». Avec « Bangalore », composition de Charlie Mariano, ce sont toutes les senteurs de l’Atlas et la musique orientale qui ressortent à travers le oud de Juhasz. Une pause qui nous réchauffe encore, avant d’achever l’écoute de ce disque par le deuxième thème de Mikkelborg. « In Spite Of » laisse une impression de légèreté.

Ce duo harpe-trompette joue à fleur de peau des mélodies pures et enchanteresses. Un album hautement recommandé.