Chronique

Kora Jazz Trio

Part Two

Djeli Moussa Diawara (kora, g), Abdoulaye Diabaté (p) et Moussa Cissoko (perc), avec Mamadou « Prince » Koné (calebasse).

Label / Distribution : Celluloïd

Djeli Moussa Diawara vient d’une famille de musiciens guinéens, joue de la kora et de la guitare, et chante.
A l’instar de Diawara, Moussa Cissoko est également issu d’une famille de griots, et a promené ses percussions sur toutes les scènes, aussi bien avec Claude Nougaro que Bernard Lavilliers.
Abdoulaye Diabaté a suivi un cursus plus « classique » : après le Conservatoire, il dirige l’Orchestre National du Sénégal, participe à diverses expériences (Manu Dibango, Mory Kanté, Salif Keita…), et se passionne pour le jazz.

Pour les auditeurs plus au fait des marteaux du piano ou des éclisses de la contrebasse, précisons que la kora est un instrument de l’Afrique de l’Ouest, à mi-chemin entre la mandoline (ou la guitare) et la harpe : une calebasse tendue de peau de chèvre, un long manche et un tas de cordes (celle de Diawara en compte trente-deux). Le son se rapproche un peu de celui de la harpe, mais en plus sec, et la kora semble plus souple que sa cousine. En fait, pour ceux qui connaissent, la sonorité de la kora a des points communs avec celle du qanoun, qui pencherait, il est vrai, un peu plus vers le clavecin… Bon, le mieux, c’est de l’écouter !

Dix des douze morceaux de Part Two sont originaux. Le trio reprend également « Ryhtm-A-Ning » de Thelonious Monk et « La Mer » de Charles Trénet. Deux principaux traits se dégagent de la musique du trio : de belles mélodies (« Sindi », « Sunugal », « N’na »…) et une importance primordiale des rythmes, via les percussions de Cissoko, bien sûr, mais également le piano de Diabaté.
Si Diawara tient évidemment souvent un rôle mélodique et expose la plupart des thèmes, il double également les chorus du piano (« Sunugal », « Dadiou ») et n’est pas en reste dans ses solos (« Sindi »). Quand il chante (« Folly », « Sindi », « Seyo »), la voix nasale, un peu sourde, lointaine, légèrement réverbérée, ainsi que et les motifs répétitifs tiennent autant de la psalmodie que du chant.
Cissoko, par ses polyrythmies rapides, complexes et répétitives (« Dadiou », « Yahar », « Djame »), apporte au trio une touche dansante, mais aussi du dynamisme et l’esprit « jazz du monde » (en remplaçant la batterie par ses origines ?).
C’est Diabaté qui assure, incontestablement, la cohésion (jazz) du trio : tantôt il met en relief le soliste par ses rifs (« Folly », « La Mer »), tantôt il rejoint Cissoko dans la ronde rythmique (« Dadiou », « Rythm-A-Ning », « Seyo »), et ailleurs, se montre lyrique (« Sunugal ») ou entraînant (« N’na »).

Part Two comblera les amateurs de musiques aux sonorités « authentiques », mélodieuses et rythmées, avec ce soupçon d’originalité nécessaire pour en faire une curiosité…