Chronique

Stefano Bollani

I Visionari

Stefano Bollani (p, voc), Mirko Guerrini (ts, ss, bs, voc), Nico Gori (cl, bcl, voc), Ferruccio Spinetti (b, voc), Cristiano Calcagnile (dm, voc), Mark Feldman (vln), Paolo Fresu (tp), Petra Magoni (voc)

Label / Distribution : Label Bleu

Bienvenue en Italie, l’Italie toujours chantante, l’Italie aux milles visages.
L’Italie de Stefano Bollani, petit prodige du piano qui préfère jouer ici le compositeur, l’arrangeur, ou même le chanteur plutôt que de mettre en avant ses talents pianistiques.
Bollani nous propose donc de visiter son Italie, sa musique, son jazz avec beaucoup de générosité.

Il s’est entouré de deux merveilleux souffleurs, Mirko Guerrini (ténor, soprano et baryton) et Nico Gori (clarinette et clarinette basse) capables d’évoquer tour à tour la douceur, l’insouciance ou la tourmente avec un talent éblouissant.

Avec eux, Bollani raconte ainsi ses souvenirs d’enfance. Et pour cela, il invite la merveilleuse chanteuse Petra Magoni pour nous faire vibrer comme dans les films néo-réalistes italiens, au travers de ritournelles traditionnelles telles que « Mamma Mia Dammi Cento Lire » ( sorte de « Petit tambour s’en va-t-en guerre » ), ou lors d’un poignant pamphlet rappelant les chants révolutionnaires : « Per Scordarti Di Me ».

Bollani, comme beaucoup d’italiens, aime viscéralement la chanson - on le sent d’ailleurs tout au long de ses compos - et il ne peut résister, une fois de plus, à l’envie de chanter lui-même, seul au piano, « Che Cosa Sono Le Nuvole ». Il y chante sincèrement, joue du piano magistralement et la magie opère.

Bouillonnant, ce quintet sait aussi se faire sobre, sensible et jouer sur le registre de la retenue. D’abord avec « Visione Numero Uno », morceau assez « nocturne », tout en délicatesse et mélodie. Puis en mettant en avant la clarinette de Nico Gori sur « Visione Numero Due » pour un thème mélancolique. Et enfin, il se fait ténébreux sur « Visione Numero Tre ».
Trois morceaux distillés intelligemment au fil de ce double album à rebondissements.

Car la fête n’est jamais loin. Et sous l’impulsion du violon de Marc Feldman, la musique redevient vigueur et virtuosité toute latine, avec « Scartabello », évoquant une course à travers une campagne ensoleillée, comme pour rejoindre le village où attendent les amis.
Les amis qui font la nique à la mort, « Quando La Morte Verrà A Prendermi », ou bien la fête au cousin sarde Paolo Fresu, sur « Sardita », venu leur rendre visite.

Malgré quelques petites longueurs ici et là (c’est un double album, rappelons-le) ce disque, à consommer sans modération, foisonne d’idées, de bonheurs, de coups d’éclats et bien sûr d’un maximum de coups de soleil.