Chronique

Trio Résistances

États d’urgence

Lionel Martin (saxophones), Benoît Keller (b) et Bruno Tocanne (dm).

Label / Distribution : Cristal Records

Après Résistances en 2002, Global Song en 2004 et États d’urgence en 2006, le Trio Résistances a trouvé sa cadence : un disque tous les deux ans. C’est un minimum quand on a autant de choses à dire que Martin, Keller et Tocanne.

Fidèle à ses engagements, le trio continue de délivrer ses messages de justice et de paix. Ils avaient joué « Vencerémos » sur Global Song, cette fois ils reprennent « El pueblo unido ». Les deux chansons ont été composées par Sergio Ortega pour le Front Populaire du Chili. Les trois musiciens interprètent également « Patria de multitudes », un autre « tube » lié à Salvador Allende, puisqu’il fut écrit par Hernan Gomez et Eduardo Carrasco, deux membres des Quilapayún, groupe chilien mythique fondé en 1965 et exilé en France après l’assassinat d’Allende en 1973. Sans oublier « Grandola, Vila Morena », chanson de José alonso qui clôt l’album et qui « déclencha » la révolution des œillets.

En dehors de ces chants révolutionnaires, le Trio Résistances propose « Abacus » de Paul Motian, un titre éponyme signé Tocanne, trois morceaux de Martin et deux de Keller. En bref, un véritable album collectif.

Collectivité qui transpire d’ailleurs immédiatement à l’écoute des conversations entre les trois artistes. Tocanne soutient et relance avec un à-propos sans faille, Martin possède un discours particulièrement expressif et Keller, aussi à l’aise en pizzicato qu’à l’archet, passe du mystère au swing. États d’urgence est tour à tour triste (« Patria de multitudes » sonne comme un requiem), bruitiste (« États d’urgence »), tourbillonnant (« Abacus », « L’issue »), mélancolique (« Préliminaires »), rigolo (« Mine de rien »), dansant (« For Steve », « El pueblo unido »)… Mais, quelle que soit l’ambiance, l’entente musicale du trio est évidente et lui a permis de se créer un vocabulaire musical immédiatement reconnaissable.

Le Trio Résistances n’a décidément pas fini de marquer son époque et la constance de son discours musical toujours personnel le place incontestablement parmi les groupes qu’il faut écouter.