Chronique

Kurt Van Herck

Le Mariage

Kurt Van Herck (ts), Jacques Pirotton (g), Mimi Verderame (dm)

Entre une ouverture énergique sous forme de clin d’œil à Aka Moon et Pierre Van Dormael (« Nasana Mood ») et un hommage délicat à Bill Frisell (« One For Bill Frisell »), « Le Mariage », titre éponyme de l’album, catalyse presque à lui seul les différentes influences que l’on peut entendre tout au long de ce disque. Subtil mélange, en effet, de valses tendres, d’ambiances éthérées et d’intensités plus rock.

En alternant lyrisme et douce agressivité, Kurt Van Herck met magnifiquement en valeur les compositions de Karl Van Deun (guitariste belge de talent contraint d’abandonner sa carrière prématurément, suite à une maladie de l’oreille).

Les qualités du ténor ne sont plus à démontrer, que ce soit au sein du septet d’Amina Figarova ou du Brussels Jazz Orchestra. Mais ici, l’occasion nous est donnée de l’entendre, en tant que leader, dévoiler un peu plus encore l’étendue de son talent.

Si le saxophoniste est bien sûr au premier plan, Jacques Pirotton (g) et Mimi Verderame (d) ne restent pas dans l’ombre. Ce trio assez soudé dialogue au fil des morceaux avec sensibilité et intelligence pour offrir de belles ballades telles que « Sounds All Right » ou « Ween Walsje », qui fournissent au guitariste l’occasion de les saupoudrer délicatement de nappes aériennes.

Jacques Pirotton n’hésite cependant pas à se faire plus rock et plus incisif (« Rules & Tools »), voire parfois un peu funk (« Piece Of Cake »). Tout ici est relief et dynamique, ce qui permet d’appréhender avec plaisir des thèmes parfois complexes qui regorgent souvent de belles idées.

Grâce au drumming riche et précis de Mimi Verderame, le trio peut se permettre de se passer de basse sans que cela ne nuise à l’équilibre de l’ensemble. Le batteur invente un jeu chatoyant, qui se fond habilement à celui du sax et de la guitare, ou donne un supplément de force et de puissance à certains thèmes qui montent en intensité.

Le Mariage est donc réussi, et la fête peut s’achever avec « Lina’s Gift », un somptueux duo entre Pirotton et Van Herck qui clôt un album offrant à chaque écoute de nouvelles découvertes. Ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.