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Edition du 15 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Siegfried Kessler s’est envolé…

L’homme au papillon s’est envolé pour toujours…

Né en 1935 à Sarrebruck, Siegfried Kessler débute le piano dès quatre ans. Après la mort de son père et l’internement de sa mère, à onze ans, Kessler est placé dans un orphelinat où il continue sa formation de pianiste classique.

Après avoir vu Jacques Dieval dans sa ville natale et acheté son premier disque de jazz, City of Jazz joué par Stan Kenton, Kessler rencontre son « véritable amour » : le jazz.

La Sarre redevenue allemande, Kessler s’installe en France, mais voyage beaucoup, notamment aux Pays-Bas où il apprend la voile.

S. Kessler © M. Laborde/Vues sur Scènes

Kessler s’intéresse à toutes les formes de jazz et accompagne entre autres Joe Henderson, Dexter Gordon, Slide Hampton… Mais dans les années soixante-dix, passionné par la musique électro-acoustique contemporaine, il écoute Xenakis, Stockhausen, Berio, Kagel… et s’oriente vers le « free-jazz » : il enregistre son premier disque en trio avec Barre Phillips et Stu Martin pour Futura et Marge.

Sa rencontre avec Archie Shepp sera déterminante car il accompagne le saxophoniste pendant une dizaine d’années. Intimité musicale qui s’est conclue en apothéose en 2005 avec First Take, un album somptueux.

S. Kessler © M. Laborde/Vues sur Scènes

Kessler aimait dire : « La musique, il faut que ça voyage ». Fidèle à ce principe, il multiplie les explorations musicales dont le célèbre Nam, « une pièce pour musique moderne, danse moderne et scuplture moderne », spectacle monté en 1985 avec sa compagne d’alors, la danseuse Maroussia Vossen, et le scuplteur René Lunel.

C’est aussi dans les années quatre-vingts que Kessler rencontre le batteur et percussionniste Michel Bachevalier avec qui il forme un duo captivant. Leur dernier opus, Catamaran, est un savoureux dialogue entre percussions et synthétiseur.

Comme son père, Kessler a toujours été passionné par la photographie et ne sortait jamais sans son Leica. Curieux, infatigable bricoleur, il était aussi féru d’automobiles, d’avion et plus particulièrement de voltige.

Le deuxième amour de Kessler après le jazz fut la voile. Depuis Hush, un Maïca acheté au milieu des années quatre-vingts et naufragé en 2003, entre deux tournées il posait ses bagages sur son voilier, amarré à La Grande Motte : « Il y a ceux qui vivent sur un bateau et puis les autres »…

Bon voyage, Monsieur Kessler, et encore merci pour tous ces instants de bonheur qu’ont laissés vos notes.

Remerciements : Christine Baudillon et Michel Bachevalier.

Sources :

  • Siegfried Kessler - A Love Secret - Christine Baudillon - Hors Œil Éditions
  • Dictionnaire du Jazz - Robert Laffont
  • Archives Citizen Jazz