Chronique

Giovanni Falzone European Ensemble

Meeting In Paris

Giovanni Falzone (tp), Robin Verheyen (ts, ss), Bruno Angelini (p), Mauro Gargano (b), Luc Isenmann (dm)

Label / Distribution : Soul Note

C’est le résultat d’une rencontre fortuite : cinq musiciens qui se connaissent à peine, se retrouvent à jammer ensemble à Paris. La spontanéité de l’instant et la musique qui en découle donnent l’idée à Giovanni Falzone d’enregistrer dans la foulée, avec ce même esprit de liberté, ses compositions personnelles. Et pour garder toute la fraîcheur de cette rencontre, l’enregistrement se fera en une seule petite journée, quelques semaines plus tard.

Le disque reflète bien cette urgence. Il nous plonge immédiatement dans une conversation franche et brutale. Sans vraiment nous y préparer. Heureusement, les musiciens, qui ont le sens de l’hospitalité, ont aussi de la répartie et du vocabulaire. C’est vif et intense, chacun à droit à la parole et à son espace de liberté.

Cette excitation, cette effervescence sont aussitôt présentes sur « Rotation », qui ouvre l’album. Le morceau se tend comme un ressort pour propulser le groupe très haut, très loin et très fort. Et sans ceinture de sécurité.
Nous voilà partis pour une succession échevelée de rebondissements, de dialogues animés et de réparties vives. Les échappées belles de Bruno Angelini, les contrepoints de Robin Verheyen, les excentricités et le jeu parfois rugueux de Falzone amplifient ce besoin d’ouverture.

On flirte d’ailleurs parfois un peu avec le free (« Three For One ») quand le sax ne se contient décidemment plus. Un peu comme lorsqu’on laisse un enfant goûter aux joies des grands espaces. Mais au-delà de la liberté débridée, c’est le sens du groove et du swing qui brille, et « Veggente » ou « Pericoloso Pensare » en sont la preuve. Tout comme ailleurs, on retrouve une certaine sensualité du soprano sur un « Black Castle » au parfum un peu latin.

Le trompettiste, qui n’a pas peur de « salir » son jeu, sait aussi se faire doux et suave (« Miniature-3 ») et se mêler avec bonheur au toucher cristallin du pianiste. Mauro Gargano à la basse et Luc Isenmann à batterie entretiennent une rythmique presque sobre qui souligne efficacement le jeu des solistes. Sans esbroufe, mais jamais en reste, et en fin de compte indispensables, on les retrouve toujours au bon moment, comme sur « Vite In Piattaforma ».

Meeting In Paris est un disque d’une fraîcheur brute. Un disque de sentiments spontanés et vrais. Sans arrières-pensés. Un disque qui privilégie le partage et le dialogue, ne retenant que les bons moments d’une rencontre.