Chronique

Chris Joris & Bob Stewart

Rainbow Country

Chris Joris (perc), Bob Stewart (tu), Eric Person (as, ss, fl), Fabian Fiorini (p), Reggie Washington (elb), Chris Mentens (b), Baba Sissoko (perc, voc), Junior Mthombeni (perc, voc)

Label / Distribution : De Werf

Le pays « arc-en-ciel » de Chris Joris ressemble à son cœur. Il possède des couleurs et des sentiments qui évoluent au fil des rencontres. Tantôt heureux, tantôt mélancolique, il noue les joies et libère les peines.

L’univers du percussionniste belge trouve ses racines dans les terres africaines et s’élève jusqu’aux cieux pour aller saluer l’esprit d’êtres chers disparus. C’est cette sensibilité indéniable que l’on ressent au travers de ce Rainbow Country.

Bien qu’il s’agisse d’un album co-signé avec le tubiste américain Bob Stewart, c’est surtout Chris Joris qui dirige les opérations. Et parmi les huit musiciens qui composent cet arc-en-ciel, c’est avant tout Eric Person qui fait preuve d’une belle présence. Parfois grave (« 9/11 »), parfois sautillant (« Edge Cut »), il passe avec talent du soprano à l’alto, sans oublier la flûte. Il propose même une composition qui s’avère être la plus « jazz » de l’album : « Kadin ».

Car la couleur dominante de ce Rainbow Country est africaine, bien sûr.
« Birds », « Masaya », ou « Yafa » nous plongent au plus près de l’authentique musique du Continent noir, avec les chants, les transes et les rythmes hypnotiques. Il faut dire que la présence de Baba Sissoko et surtout de Junior Mthombeni ne sont pas étrangères à l’affaire.

Bien que « Nonet » soit écrit par Bob Stewart, c’est sur « The Mysterious Charm of The Right Wing » que le tubiste semble le plus impliqué. Il y donne la réplique à Chris Joris et Junior Mthombeni, qui déballent toute la panoplie de woodblocks, clochettes et udu pour offrir une improvisation libre, légère et amusante, un peu à la manière d’un Roland Kirk… dans un autre registre.

Tant qu’à s’ouvrir l’esprit, l’octet réinvente un poignant « Bourbon Street Jingling Jollies » de Duke Ellington, puis nous embarque dans un tango suave et excessivement sensuel : « Naïma’s Tango ». Cette tendresse et ce joli sens de l’orchestration sont des qualités que l’on retrouve également sur le fébrile « Missing Person ».

Reliiant tradition et modernité, Fabian Fiorini, au piano, révèle un jeu brillant, incisif et inventif. De même, Reggie Washington vient rehausser de quelques « slaps » de basse électrique un disque riche et multicolore.

Prenez le temps de vous perdre dans cet album et de vous laisser emmener… quelque part au-delà de l’arc-en-ciel.