Chronique

Robert MacGregor

Refraction Of Light

Voilà une fraiche et bonne surprise venue de l’autre côté de l’Atlantique.

Robert MacGregor est né en Chine, mais a vécu toute sa jeunesse aux States. Ce jeune saxophoniste, qui a étudié avec Bob Sheppard et Gary Foster, entre autres, façonne déjà un son bien à lui. Mais en plus, il possède un joli sens du groove et du swing aérien.
Il privilégie d’ailleurs la mélodie à la performance technique, bien qu’il semble encore très attaché à rechercher la tonalité de son ténor.

En tant que leader, il est la véritable colonne vertébrale de ce jeune quartet homogène et soudé. Tous sont au service de la musique et du groupe, ce qui n’empêche pas certains membres de se mettre en évidence. Ainsi, Perry Wortman joue un rôle prépondérant à la contrebasse. Il soutient, invite, répond, précède parfois le saxophoniste et se permet quelques belles impros groovy (« The Fuse »). Le batteur Will Clarck imprime souvent un jeu tendu et très coloré, et lâche ses coups sans agressivité.

Sur le fil d’un bop traditionnel, comme sur le très marqué « RSVP » (thème qui s’inspire de Lennie Tristano et Warne Marsh), MacGregor amène chaque fois un peu de modernité.
Il faut dire qu’il est bien aidé en cela par le magnifique pianiste Miro Sprague. Sur le morceau-titre « Refraction Of Light », celui-ci donne la réplique au saxophoniste en oxygénant le thème d’éclatantes échappées. Ce dialogue sert une dynamique qui s’amplifie au fil du morceau. Sprague possède un jeu vif et souple à la fois, ce qui lui permet de s’engouffrer aussi dans des mélodies élaborées sans jamais les complexifier. Dans les ballades (« Crimson Corridor », par exemple) MacGregor excelle encore et évite avec habileté les clichés du genre. Ainsi, sur le très beau « Zizhuyuan In The Summer » ( en souvenir de son voyage retour aux sources de 3 mois en Chine ), le ténor est doublé par une trompette (Russel Moore) et une flûte (Christina Sjoquist) avec intelligence et délicatesse. On flotte alors entre romantisme et tendresse.

Ce Refraction Of Light est décidément un premier album subtilement bien balancé.

Un quartet de qualité, un pianiste intéressant à plus d’un titre et un saxophoniste à suivre assurément.

Robert MacGregor est capable, sans faire de vagues, d’imposer avec sérénité et calme un style bien personnel dont on reparlera sans doute.