Chronique

Daniel Erdmann/Francis Le Bras

Label / Distribution : Vents d est

Ce duo révèle ici, en une sorte de récital inaugural tout son art des petites pièces, libres et subtiles, improvisations colorées, fougueuses, ou délicatement impressionnistes.

Cet album nous réconcilie - si besoin était - avec la formule classique saxophone ténor/piano. C’est que la séduction est immédiate : la conception n’est pas seulement intelligemment sensible, elle recèle aussi le charme de l’impromptu expérimental et des angles inattendus. Cette musique, jamais austère, on se l’approprie très vite : on découvre un étonnant sens de la construction, avec des tempos curieusement retenus et un lyrisme discret, un frémissement constant dans les lignes thématiques à l’unisson ou au contraire les jeux contrapuntiques.

Dans ces exercices de style variant nuances et atmosphères, le pianiste et directeur de festival Francis Le Bras (Reims) et le saxophoniste allemand Daniel Erdmann ont trouvé à s’accorder, croisant mystère et instantanés, installant une relation aboutie entre écrits et improvisations, dans l’exigence d’une dimension narrative et émotionnelle. Aventure duelle où il est question de moment poétique, où la fluidité et la lisibilité mélodique parcourent des compositions qui racontent presque toujours une histoire. Le disque se lit d’ailleurs dans la continuité - comme une suite délectable sur fond de son velouté de saxophone, lequel peut aussi devenir vibrant et tout en souffle. Le piano, quand il n’est pas remplacé ou doublé par le Fender Rhodes, est le compagnon précieux, inestimable, l’allié substantiel, inséparable.

Un étonnant duo qui parvient avec une économie rare à investir tout l’espace. Il faudra désormais, pour continuer à écrire l’art du duo, compter avec Francis Le Bras et Daniel Erdmann.