Chronique

Inside Story

Sabin Todorov Trio

Sabin Todorov (p), Sal La Rocca (b), Lionel Beuvens (dm)

Label / Distribution : Igloo

Le pianiste Sabin Todorov est né en Bulgarie, mais vit depuis plus de dix ans en Belgique, où il a ostensiblement tourné le dos à sa formation classique pour s’orienter vers le jazz.

Sur Inside Story, son premier album, il s’est entouré de Sal La Rocca et de Lionel Beuvens, avec qui il a beaucoup tourné (on les a notamment vus accompagner chanteurs chanteuses lors des désormais célèbres « International Young Jazz Singers Competitions » instaurées par le « Music Village » à Bruxelles).

De cette école classique, Todorov a pourtant gardé une certaine rigueur et un toucher lyrique (« Sad Lullaby »), et de ses origines slaves les envolées orientales (« Mirage ») ainsi qu’un sens de la syncope bien particulier (« Carambole » ou « La Chenille »). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il reprend « Krivo » (traditionnel bulgare) pour introduire l’album : voilà une façon claire d’assumer ses origines et d’affirmer l’orientation qu’il veut donner à sa musique.

Bien sûr, on ne peut éviter de faire le rapprochement avec Bojan Zulfikarpasic sur « The Field », mais Todorov est aussi capable d’imposer les différentes facettes de sa personnalité à des titres très libres et mystérieux comme « Eclipse », où chaque musicien explore les sons et les ambiances. Il offre à chacun la possibilité d’investir des espaces mouvants. Le trio est soudé et l’on ressent une réelle complicité. Lionel Beuvens peut être tendre et délicat comme agressif et puissant tout en gardant une ligne de conduite stricte. Sal La Rocca, que l’on ne présente plus, est lui aussi à son affaire. Toujours prêt à rebondir sur la moindre idée, il reste pourtant la colonne vertébrale idéale du trio.

Rythmes ondulants, swinguants et groovy alternent avec des plages plus intériorisées mais qui ne manquent jamais de nerf. Le pianiste a le sens de la narration et dose avec justesse des compositions que l’on peut sans crainte qualifier d’originales.

À la fois homogène et varié, ce premier album donne un aperçu d’une personnalité qui ne demande qu’à s’épanouir. On ne doute pas de l’avenir : Sabin Todorov a encore beaucoup d’histoires à raconter…