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Edition du 24 mars 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Décès du saxophoniste Joe Maneri

On apprend le décès de Joe Maneri, survenu ce lundi 24 août 2009. Il avait 82 ans.

Saxophoniste, Joe Maneri est né le 9 février 1927 à Brooklyn, dans l’état de New York. Encore adolescent, il apprend à jouer de la clarinette avec un voisin cordonnier, avant d’entrer dans le circuit professionnel à dix-sept ans. Il découvre trois ans plus tard la musique sérielle et Arnold Schönberg, et forme immédiatement un groupe de jazz fondé sur le système dodécaphonique, en même temps qu’il participe à d’autres formations de musiques traditionnelles, et même de pop. Il étudie ensuite sous la houlette de Joseph Schmid, lui-même élève de Schönberg, jusqu’en 1958, avant d’enregistrer en 1962 pour Atlantic. En 1965, il enregistre un nouveau disque en quintet, toujours pour Atlantic, où s’affirme une écriture personnelle mêlant jazz, musique traditionnelle grecque et fragments dodécaphoniques. L’enregistrement restera inédit jusqu’à ce que John Zorn le publie en 1996.

Comme musicien, Joe Maneri s’est donc fait connaître relativement tardivement, dans les années 1990. Il est cependant professeur, dès les années 1970, au Conservatoire de musique de Nouvelle-Angleterre, où il enseigne la composition et la théorie. Par la suite, il donnera des cours d’improvisation, d’harmonie, de contrepoint et de saxophone à Harvard et au Mozarteum de Salzburg.

Joe Maneri est surtout connu pour son exploration des théories microtonales, qu’il exploite dans ses propres compositions dès les années 1970. En 1979, il donne un cours de théorie microtonale au Conservatoire, oeuvrant ainsi à la rencontre du jazz et de la musique savante. Ses élèves parlent de lui comme d’un professeur marquant, doté d’une grande patience et d’une personnalité exceptionnelle.

Le monde du jazz retiendra de Joe Maneri son enthousiasme proverbial, son souci d’invention et de rigueur, son talent d’improvisateur. Il est aussi le père du violoniste Mat Maneri, avec qui il a enregistré plusieurs disques.

Kalavinka (Northeasten, 1989), Paniots Nine (Avant, 1998), Tenderly (HatHut, 1999) et Going to Church (AUM Fidelity, 2002) sont quelques uns de ses enregistrements marquants.

— Mathias Kusnierz