Entretien

François Moutin (2)

« Créer du réel » - suite et fin de l’interview fleuve du contrebassiste…

Dans la deuxième partie de cette interview, François Moutin évoque maîtres et amis, ainsi que la quartet qu’il a monté avec son frère jumeau.

- Martial Solal :

Un jour, pendant une balance avant un concert, Martial m’apostrophe : “ Comment se fait-il qu’un jeune comme toi connaisse autant de vieux saucissons du jazz ? ”. Je n’ai pu que lui répondre : “ Ben… J’ai passé mon enfance à t’écouter les jouer ! ”. J’étais très intimidé la première fois que je me suis rendu chez lui pour une répétition. Je me disais que même si c’étaient les dernières notes que je faisais avec lui, j’aurais joué une fois au moins avec un des géants du jazz. Tant d’histoire du piano et de modernité, de swing et de pertinence, d’invention et de nouveauté en un seul musicien, ca tient du miracle, c’est unique. C’est Martial Solal. Qui non seulement rafraîchit les saucissons en question, mais aussi invente et écrit la musique d’une façon magistrale. C’est un privilège pour moi d’avoir pu partager cette musique avec lui depuis 12 ans. La cerise sur le gâteau, c’est que nous allons jouer en Septembre une semaine ensemble au Village Vanguard.

- Michel Portal :

Un des plus grands clarinettistes vivants. Le seul, je crois qui puisse aussi bien interpréter Mozart avec les plus grands orchestres du monde un soir, et improviser sur des grooves avec une rythmique basse batterie le lendemain. C’est un maître à la clarinette basse et au sax soprano. Son humour décapant ne masque pas son état d’angoisse quasi-permanent. Il plonge dans la musique corps et âme, comme si sa vie dépendait de chaque concert, et attend le même engagement des musiciens qui partagent la scène avec lui. Cet été, entre autres, nous allons jouer au North Sea Jazz Festival en compagnie de Markus Stockhausen, Joey Baron, Steve Swallow et Bojan Z. Ca pourrait bien être un grand moment.

- Antoine Hervé :

J’étais débutant la première fois que je l’ai entendu jouer (un concert à Dunois en 83 avec son big band). Non seulement j’étais liquéfié par l’orchestre et l’écriture, mais j’étais tres impressionné par son jeu au piano. L’impression s’était amplifiée lorsque je l’avais écouté en trio avec Michel Benita et Peter Gritz. Quelques années plus tard, j’ai vécu comme un privilège le fait qu’il m’ait choisi comme partenaire. En plus d’être un musicien exceptionnel et extrêmement polyvalent, il a une capacité de travail hors du commun, quinze bonnes idées de projet a la minute et l’énergie et le talent pour en réaliser la plupart. Il a un sens artistique très pointu, comme en témoigne le disque “ Invention is You ” que nous avions enregistré live au Duc des Lombards fin 97 (avec Markus Stockhausen, Louis Moutin et Arnaud Franck) et qui vient de sortir sur Enja. Ce disque est un des aboutissements de ce travail sur l’impro entrepris voilà 10 ans.

- Louis Moutin :

On a grandi ensemble et partagé tellement de choses, que je devrais le connaître par cœur. Or à chaque fois que l’on joue ensemble, il trouve des couleurs, des climats, des grooves et des interventions à la fois très pertinentes et tres inattendues. Il a ce “ perfect time ”, qui est finalement assez rare, et qui, quand on a une richesse d’idées aussi étendue qu’est la sienne, permet d’emmener la musique très loin. Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. C’est un grand batteur.

- Quartet Moutin réunion

C’est une histoire géniale, parce que c’est la deuxième fois que Louis et moi montons un groupe sous notre nom. Comme je suis contrebassiste et lui batteur, on a tendance dans le milieu à être considérés comme des sidemen, mais comme et lui et moi on compose de la musique, l’idée nous est venue assez vite, à l’époque où l’on tournait avec Jean-Marie Machado, de monter un groupe qui s’appelait le « Quintet Moutin ». Super expérience qui nous a ravis mais pas comblés puisqu’elle s’est arrêtée principalement parce que nous n’étions pas assez mûrs pour vraiment assumer le rôle de leader ou peut-être pas assez déterminés. Tandis que là avec le « Quartet Moutin Réunion », on s’est vraiment senti dans une dynamique où maintenant on est déterminés. On a fait ce choix-là, c’est notre priorité. Et puis, on a progressé musicalement, ce que l’on écrit aujourd’hui et la façon dont on a envie de l’entendre sonner est quand même plus abouti. On est prêts maintenant, la preuve en est que l’on a fait immédiatement le bon casting, on a tout de suite appelé les deux musiciens qu’il nous fallait pour ce groupe. J’étais parti à New York et un jour Louis par téléphone me fait écouter une de ses compos au piano et je me dis : « Tiens, ça prend une belle tournure ! ». J’en avais quelques-unes que je jouais à New York au fur et à mesure des sessions, mais je n’avais pas vraiment de groupe pour les jouer. Alors, tout naturellement on a pensé à monter un groupe. On a invité Sylvain Beuf et Baptiste Trotignon pour une session et ça c’est très bien passé. J’ai eu la même sensation que lorsque Pilc, Hoenig et moi, nous sommes retrouvés pour notre première session, ça a fait tout de suite l’étincelle. Au fur et à mesure, les concerts ayant du succès, on a enregistré un disque dont je suis content. Pour moi, c’est comme le démarrage d’une nouvelle vie car jusque-là je jouais la musique des autres et maintenant je joue ma musique.

Ce qui est génial dans le jazz, c’est d’inviter des gens pour jouer sa propre musique et de leur donner carte blanche. On ne leur dit pas : « Si dans ton impro, tu pouvais faire ci ou ça… » Non ! On leur fait complètement confiance et ce sont eux qui font votre musique en quelque sorte, qui en font une bonne partie. Nous écrivons les thèmes, quelques arrangements, puis concert après concert, ça se bâtit et finalement c’est différent à chaque fois. Louis et moi, on imprime notre patte. Notre côté énergique et notre sensibilité harmonique et mélodique sont tellement bien servis par Sylvain et Baptiste, que je considère que c’est le groupe idéal. On va faire vivre le disque « Power Tree » qui est sorti, avec des projets de tournées en France et en Europe. On va sortir le disque aux States au mois de septembre, et l’on fait un premier concert à New York, puis Washington en prélude à une tournée qui aura lieu certainement fin 2001, début 2002. Dans un futur plus proche, on va avoir l’honneur de jouer cet été sur une superbe scène au festival de Jazz à Vienne, où j’ai déjà eu l’occasion de jouer avec Martial Solal et Louis. Je m’en réjouis d’avance, surtout qu’au répertoire il y aura trois nouveaux morceaux que j’ai écrits et trois de Louis, on va donc pouvoir présenter la suite du disque. En fait, on va faire comme pour le premier, c’est-à-dire qu’au lieu de faire un disque et de tourner derrière, le quartet a fait, sans pression, une quarantaine de concerts avant d’enregistrer le 1er disque. Ces concerts ont permis au groupe de se souder. Arrivé aux séances du disque, plus personne n’avait de partition, on était entièrement dans la musique. Au lieu d’organiser l’enregistrement morceau par morceau, on a fait un concert, sans le public. On a joué tout le répertoire, on a fait une pause, puis on a tout rejoué une deuxième fois, puis une troisième. On s’est retrouvé comme dans l’énergie d’un concert où l’on ne se lasse pas d’un morceau. Cela donne à mon avis au disque une autre gueule que si on s’était acharné sur chaque morceau. Ce système nous ayant plu, nous allons recommencer, peaufinage en tournée puis deuxième album.

La musique, on ne la fait pas tout seul, on initie quelque chose qui par la suite a une vie propre, alimentée par les gens qu’on a choisis pour collaborer avec soi et dont l’énergie est visiblement inépuisable. Que ce soit Baptiste Trotignon, Sylvain Beuf ou Louis, quand je les vois sur scène, ce sont des maîtres chacun dans leur domaine, ils apportent sans compter et savent recevoir. Ce sont des gens enthousiastes et j’aime les gens enthousiastes, je me sens en connexion avec les gens enthousiastes !

- Baptiste Trotignon : la rencontre

Je n’étais pas encore parti à New York, il m’appelle un jour en me disant « J’habite Nantes, je suis pianiste, je voudrais t’inviter sur un concert, mais puisqu’on ne se connaît pas, ça serait bien que l’on se rencontre » Je l’ai invité à faire le bœuf à la maison. Je m’attendais à rencontrer un petit jeune pas mal mais sans plus et quelle ne fut pas ma surprise de voir débarquer un monstre ! À l’époque il n’était pas encore aussi abouti que maintenant, il n’avait pas trouvé toute sa personnalité. Il m’avait entendu jouer avec Pilc et mon frère ou Tony Rabeson au Duc des Lombards, il avait capté beaucoup de choses, dont le truc fondamental. Il avait un “ time ” et une volonté d’en bouffer, un grand enthousiasme, musicalement ça ne rigolait pas du tout. On s’est croisé plus tard, il était monté sur Paris, avait joué dans un film de Corneau, était rentré au conservatoire (C.N.S.M.) dans la classe de Francois Jeanneau. Il avait rencontré beaucoup de gens, son style commençait à s’affirmer vraiment, il avait gardé ce qu’il voulait des autres mais il devenait Baptiste Trotignon avec cette fluidité, cette énergie, cette tendresse qui le caractérise. Quand Louis et moi l’avons entendu nous sommes restés scotchés.

- Sylvain Beuf

La personnalité de Sylvain est tres attachante. Il est calme, pondéré, presque flegmatique. En même temps il est tres chaleureux, et il peut manifester sans aucune nervosité une fougue décoiffante. Il a un contrôle du son exceptionnel et c’est un extraordinaire mélodiste. Sylvain commence un solo dans la tranquillité, le construit dans la progression, et lorsqu’il a fini et qu’il essuie discrètement la seule goutte de transpiration qui perle sur son front, nous sommes suspendus au lustre avec la tête à l’envers tellement il a balancé d’énergie. Qu’il soit enfin reconnu comme un des meilleurs musiciens Européens n’est que justice. J’attends avec impatience que nous jouions ensemble aux Etats-Unis.

- Once upon a time… Jean-Michel Pilc

On a tous les deux fait des études scientifiques, on était dans des grandes écoles, lui sortait de Polytechnique et faisait Sup Télécom comme école d’application, c’était l’école que j’avais intégrée, on s’est connu là. À l’époque, il écoutait et jouait du jazz des années 20 ou 30, il ne connaissait pas ou peu le reste, Il était fan de Bix Beiderbecke, Fats Waller et Erroll Garner –nos héros d’enfance avec Louis. Je l’avais écouté et je trouvais qu’il avait beaucoup de talent. Après nous avoir écoutés, avec Louis, il a voulu comprendre. On lui a passé des disques, tandis qu’il en achetait dans son coin. Il a été très impressionnant car, en quelques mois, voire quelques semaines il avait tout assimilé. Il est revenu, il avait déjà écrit des morceaux. On a commencé à jouer, tous les trois, puis on s’est adjoint deux copains qui jouaient du sax. Finalement, ça a donné un groupe qui ressemblait à quelque chose et l’on se produisait dans des petites péniches sur le bord de la Seine, on y a fait nos premières armes. Il y avait aussi un concours d’orchestre au Dunois, le lundi ou le jeudi, tous styles confondus où le public décidait qui restait en semaine suivante, on a tenu environ sept ou huit semaines. On devait avoir un peu de talent (rires). Ils ont fini par nous virer, ça devenait scandaleux ! On déboutait même des groupes de rock qui sonnaient très bien, venant avec tous leurs fans. Voilà un de mes premiers souvenirs de scène. Jean-Michel pense comme moi par rapport au quartet, son trio est son groupe de rêve. On a trouvé une telle connexion tous les trois. Elle s’est faite quasi immédiatement, mais on l’a développée au fur et à mesure des concerts. La sensation que j’ai avec ce groupe, c’est d’être dans la pointe de ce qui se fait à New York, beaucoup de monde vient nous voir et découvre un truc nouveau. Jean-Michel a quelque chose d’extrêmement unique, il est libre de développer ses idées musicales à l’extrême tout en étant complètement dans la tradition du jazz, et c’est ce que captent la plupart des musiciens qui viennent nous écouter. Ça va peut-être paraître grandiloquent, mais j’ai vraiment l’impression de poursuivre la tradition des grands groupes de jazz. C’est ce que m’ont dit des gens comme Benny Powell, Franck Wess quand ils sont venus écouter le trio. Pour eux c’est ça, ils voient un trio qui innove comme ils ont vu en leur temps Monk innover. C’est la sensation secondaire. La sensation principale c’est quand on est sur scène : on y atteint de plus en plus souvent ce degré d’inspiration dont je parlais tout à l’heure, une connexion magique. On se sent portés par quelque chose. Il y a la dimension humoristique qui crée la complicité. Elle n’est pas négligeable, ce ne sont pas que des petits clins d’œil. La personnalité de Jean-Michel porte ça et celle d’Ari et la mienne aussi. C’est une façon de se renvoyer la balle, et de déboucher sur des choses qui dépassent la simple complicité. Ce n’est pas non plus de la symbiose. La symbiose ne peut pas déboucher sur des trucs aussi puissants. Le meilleur mot pour le décrire c’est…. l’inspiration.

Mon style est adaptable à plein de contextes musicaux, j’ai un côté un peu empathique qui fait que, si je me retrouve dans un contexte purement be-bop, je vais rester moi-même tout en faisant quelque chose qui s’adapte. Si je me sens peut-être moins libre là-dedans que dans la musique de Pilc, c’est tout simplement que, pour le be-bop, les codes sont déjà écrits, tandis que dans la musique de Pilc, on les crée sur l’instant, on fabrique nos propres codes, on est libres d’en inventer un certain nombre dans un concert, de laisser venir des choses que l’on n’avait jamais faites avant.

- Ari Hoenig :

Quand Pilc l’a rencontré et organisé notre première session, il n’avait que 21 ans. Il avait déjà un tel groove, une telle aisance, une telle compréhension de la musique, une telle facilite d’écoute, une telle capacité d’invention et d’interaction, bref une telle maturité, qu’il s’est imposé à nous comme le partenaire rêvé. Quelques années plus tard, il a encore enrichi son vocabulaire, affirmé sa personnalité, et s’impose à NY comme le top de la lignée des très grands batteurs américains. Il ne devrait pas lui falloir bien longtemps pour s’imposer comme tel dans le monde entier.

- Brassens :

J’ai commencé la musique avec lui en relevant ses chansons, non seulement les accords mais les mélodies et les textes, et je resterai un fan toute ma vie, je pense que ce sont des mélodies fabuleuses. Comme j’ai beaucoup développé le swing et le langage du jazz, j’avais vraiment envie de reprendre les mêmes mélodies et de leur donner la couleur du jazz.

Francois Moutin
Francois Moutin

- Composition :

Il y a plusieurs stades. Un air me vient dans le métro ou dans la rue. Souvent dans la rue en fait, avec le balancement de la marche. Parfois même le simple fait d’avancer me fait venir une idée, dont le rythme est toujours lié à celui de mes pas, même si c’est sous la forme d’une équivalence rythmique. Mais c’est plus une question de disponibilité, on laisse venir les idées et il y en a une qui vous illumine. Je ne compose pas sur table ou très rarement. Je ne prends pas un papier pour noter l’idée. Je vais au piano et je cherche les harmonies que j’entends en moi. Parfois je les entends précisément parfois c’est juste une sensation. Je laisse l’inspiration me guider, je cherche des accords et je trouve la couleur que j’avais en tête. Il se peut que la recherche m’emmène sur un truc que je n’avais pas entendu avant.

- Les concerts

J’y ressens un échange. Quand je monte sur scène, c’est pour passer un bon moment avec les musiciens qui m’accompagnent et les gens qui nous ont fait le privilège de venir nous écouter et qui se sont offert le privilège aussi de se dire « Plutôt que de rester devant la télé, on va aller passer un bon moment à écouter des musiciens jouer en live ». On commence par balancer quelque chose et quand ça répond de l’autre côté dans la mesure de ce qu’on a souhaité ou de ce qu’on est parvenu à leur envoyer, c’est génial. On a l’impression d’avoir fabriqué un peu de réel. C’est très réel l’émotion, car en fait le monde sans émotion perd complètement de sa réalité. On perçoit le monde à travers les émotions. Les perceptions immanquablement provoquent des émotions. On ne peut regarder sans ressentir quelque chose, on ne peut écouter un son quel qu’il soit sans ressentir quelque chose, donc quand on arrive à pousser ça à un certain paroxysme, on crée du réel.

- Discographie :

  • LE CERCLE DE PIERRE Bekummernis LLM Productions
  • FATHER SONG Trio Machado Blue Line
  • FUNAMBULE Jean-Michel Pilc Trio Blue Line
  • TRIO URBAIN Manuel Rocheman Nocturne Production
  • AFRICAN DREAM Antoine Herve Label Bleu
  • KAH ! POB ! WAH ! Trio Machado Blue Line
  • MEGAOCTET Andy Emler Label Bleu
  • TRIO ANTOINE HERVE Antoine Herve Saari
  • 4 CONCERTOS Marius Constant Erato
  • TUTTI Antoine Herve Flat and Sharp
  • PARIS-ZAGREB Antoine Herve Deux Z
  • PARCOURS Louis & Francois Moutin Blue Line
  • WHITE KEY Manuel Rocheman Nocturne Production
  • L.S.M. Leimgruber/Sheyder/Moutin Adda
  • HEADGAMES Andy Emler Label Bleu
  • MIGRATION David Chevallier Adda
  • LIVE IN FREIBURG L.S.M. B&W
  • SEQUENCE THMYRIQUE Trio Machado Label Bleu
  • INIT A. Ceccarelli/Nguyen Le/F. Moutin Polygram
  • ANYWAY Michel Portal Label Bleu
  • WINDMILL Nika Stewart/VincentSegal/F.Moutin 3361 Black<
  • MARDIS GRAS CHEZ TOI Simon Spang Hanssen Bond Age
  • CHANSONGS Claude Nougaro Polygram
  • CINEMAS Michel Portal Label Bleu
  • FLUIDE Antoine Herve Label Bleu
  • EXTRA MUROS Gian-Maria Testa W.E.A.
  • COLLAGES Dana Pomfret W.E.A.
  • LES PAPILLONS Thomas Fersen W.E.A.
  • APPROCHE-TOI Dick Annegarn W.E.A.
  • PLAYA Frank Monnet W.E.A.
  • MARCHANT D’HISTOIRES Jean Michel Bernard Kapagama
  • EXPLORATION Richie Beirach/Steve Davis/F.M. Double Time
  • DARK GROOVES James Hurt Blue Note Records
  • LIVE AT SWEET BASIL Vol 1 Jean-Michel Pilc Challenge Record
  • LIVE AT SWEET BASIL Vol 2 Jean Michel Pilc Challenge Record
  • POWER TREE Francois & Louis Moutin Shai Record
  • INVENTION IS YOU Antoine Herve Enja

A paraître :

  • AL QANTARA Simon Shaheen BMG
  • HAITEK HAIKU Niels Lan Doky Universal