Chronique

1000 bornes trio

Piof !

Markus Braun (b), Fabien Debellefontaine (as, ts, euphonium), Matthieu Desbordes (dm)

Label / Distribution : Vocation Records

Le 1000 bornes trio est le premier groupe en tant que leader de Fabien Debellefontaine, « multisicien », comme il se qualifie, boulimique et touche-à-tout. Souffleur polyglotte (saxophones, clarinette, flûte) au sein de l’orchestre survitaminé Ping Machine, il multiplie les collaborations en tant que sousaphoniste. Que ce soit au sein de Big Four (quartet à lunettes issu de Ping Machine), du Gil Evans Paris Workshop ou de formations plus confidentielles (112 Brass Band, Maracuja ! ou Les oignons), il s’impose comme un des grands spécialistes actuels de l’instrument.

Entouré de Markus Braun à la contrebasse et de Matthieu Desbordes à la batterie, c’est aux saxophones ténor et alto qu’officie Fabien Debellefontaine au sein du trio. Ils se sont connus enfants, puis perdus de vue à l’adolescence ; ils se retrouvent aujourd’hui aux abords de la trentaine, devenus tous trois musiciens professionnels.

Sur ces huit titres, Debellefontaine apporte trois compositions, Desbordes deux. Un thème de Larry Goldings, un de Jimmy Giuffre et « Vino Griego » d’Ulf Jurgens, chant festayre par excellence (et hymne du club de rugby de l’Aviron Bayonnais), complètent le casting. Sur ce thème, Debellefontaine s’en donne à coeur joie pour tordre la mélodie initiale tout en restant très proche de l’esprit festif du morceau, soutenu par une contrebasse très rock et une batterie bruitiste.

Sur « Piof ! », « Partir naïf » ou « Total Doesn’t Pay Taxes », compositions très originales, tout en changements de rythme et en décalages, la cohésion entre les trois musiciens s’avère étonnante. Markus Braun assure le tempo avec autorité et finesse ; Desbordes, musicien méconnu mais qui mériterait un autre éclairage, soutient et relance constamment le saxophoniste. Quant à Debellefontaine, il fait montre d’une belle maîtrise aussi bien à l’alto qu’au ténor. Le son ample, épais, fait parfois penser à Sonny Rollins ; les chorus sont secs, directs, acérés.

Ces trois-là nous embarquent dans leur périple. On sent chez eux beaucoup de plaisir à se titiller, se tendre des pièges, se surprendre les uns les autres avec humour et autodérision. Humour que l’on retrouve dans le choix des titres (« La Bretagne ça vous gagne », « Total Doesn’t Pay Taxes »). Bref, c’est frais, ça rigole, c’est bourré d’énergie. En ces premiers jours du printemps, on vous le recommande vivement.